Billy Talent : Tout ou rien
Musique

Billy Talent : Tout ou rien

Billy Talent n’allait pas s’en laisser imposer. Sa compagnie de disques aura eu beau tenter de précipiter la sortie du deuxième essai, le quatuor allait attendre d’avoir le meilleur album possible.

À l’été 2005, peu avant que Billy Talent ne prenne d’assaut les plaines d’Abraham au Festival d’été, le chanteur Ben Kowalewicz nous rapportait non sans rage les pressions exercées par Atlantic pour sortir le second recueil du groupe dans les meilleurs délais. "On aurait pu enregistrer le disque pour qu’il soit prêt lorsqu’ils voulaient, mais il n’aurait pas été bon et on le savait", lance un an plus tard le batteur Aaron Solowoniuk, à l’occasion d’une journée de promotion dans la Vieille Capitale. "On changeait de gérance à ce moment-là. Notre nouveau gérant a vite compris la situation et nous a conseillé de prendre notre temps. C’était vraiment chouette d’avoir enfin quelqu’un de notre côté!" "Il était clair qu’on n’allait pas mettre sur disque des morceaux dont on n’était pas satisfaits à 100 %, entonne le guitariste Ian D’Sa. Beaucoup trop de groupes entrent en studio alors qu’ils ne sont pas prêts…" "Et les fans méritent un bon album du début à la fin, enchaîne Aaron. Il n’y a rien que je déteste plus que d’acheter un disque puis de n’aimer qu’une pièce ou deux…"

Sans l’ombre d’un doute, le quatuor torontois aura visé juste. Après quelques écoutes de ce nouveau tome simplement baptisé II, il appert que la solide bande complétée par Jon Gallant (basse) s’est surpassée et a grimpé d’un nouveau cran par rapport au premier essai, déjà fameux. "La plupart des riffs me sont venus dans le bus en tournée, confie Ian. Et quand on s’est assis pour en faire des chansons, on a tout de suite vu qu’il se passait quelque chose de fort", ajoute-t-il, estimant que le groupe s’est montré plus aventurier sur ce deuxième long-jeu, sans rien perdre de sa fougue et de son exemplaire cohésion, bien au contraire. "Nous sentions que nous avions atteint un certain niveau d’habileté musicale et on a pu se mettre à faire des choses qu’on avait toujours voulu essayer mais sans jamais oser…" "Il faut toujours continuer d’apprendre, grandir, évoluer et changer, poursuit Aaron. C’est très difficile, mais la récompense à la fin en vaut pleinement la peine. La première fois que tu fais un morceau du début à la fin, c’est vraiment une sensation extraordinaire. Il n’y a rien de plus excitant que de donner naissance à une chanson. Mais c’est beaucoup de travail…"

Si les deux musiciens reconnaissent qu’une trop longue attente entre les parutions peut nuire au maintien de l’intérêt du public, ils estiment encore plus nocifs les abus passés des grandes maisons de disques. "Si tu veux vendre des disques aujourd’hui, il faut que ça soit de bons albums de A à Z, puis de beaux objets avec du beau visuel, expose Ian. Et cela aurait toujours dû être le cas. Mais je crois qu’en cours de route, les compagnies se sont faites paresseuses, à collecter tout cet argent avec des albums à deux simples, le reste étant du remplissage. C’est ce qui d’après moi a fait le plus mal aux ventes de disques, car les gens ont pris l’habitude de télécharger les deux ou trois pièces qu’ils aiment…" Dans le cas présent, espérons que les fans achèteront le disque car sinon, un téléchargement de l’album entier risque fort malencontreusement de s’imposer.

Billy Talent
II
Atlantic/Wea
Sortie le 27 juin