Bet.e : En formule un
Bet.e, après la dissolution de Bet.e & Stef en 2003, croyait reprendre contact avec la scène beaucoup plus tôt. Finalement, deux ans de repos lui auront été nécessaires. Ce temps d’arrêt la rend aujourd’hui fort radieuse dans le nouveau duo qu’elle forme avec le guitariste cubain Carlos Placeres. Entretien.
Le passé, bien nettoyé et plié, est rangé dans la garde-robe. Bet.e vole à nouveau. Mais, cette fois, la chanteuse associée à la bossa nova sent qu’elle est dotée d’une paire d’ailes beaucoup plus grandes qu’autrefois: elle est accompagnée de Carlos Placeres.
LIGNE DE DÉPART
Difficile de ne pas questionner l’artiste sur les motifs qui ont mené à cette association. "Ce qui s’est passé, c’est que Carlos, c’est mon chum, explique la jeune femme. C’est un excellent musicien. D’ailleurs, on s’est rencontrés pendant que je faisais l’album Day by Day. Lui, il travaillait sur son album A Los Ancentros. On était dans le même studio d’enregistrement à Montréal. C’est comme ça que j’ai entendu parler de lui. Les ingénieurs en parlaient souvent. J’étais donc très curieuse. Et ça a adonné qu’on a été invités à des émissions de télé en même temps." Parmi elles, Musique du monde d’ici, une émission de Radio-Canada consacrée aux artistes vivant au Québec et vouant leur carrière à la musique du monde, jouera un rôle prépondérant dans la suite de l’histoire. "Il y avait eu beaucoup de retard dans la production. Alors, un jam spontané s’était fait dans les loges avec tous les musiciens. Et on (Stef et elle) avait entendu Carlos jouer de la guitare. C’est là qu’on s’était dit: "Ah! C’est ça que ça prend pour It’s Over sur Day by Day." Parce qu’on se cherchait beaucoup avec cette chanson-là. On ne réussissait pas à trouver ce qu’on voulait. Et quand on a entendu Carlos jouer, ça a cliqué tout de suite", se souvient-elle.
Pendant l’année qui suit, les trois musiciens s’invitent mutuellement à partager la scène durant leurs spectacles. Bet.e et Carlos finissent par former un couple, tandis que Bet.e et Stef mettent un terme à leur collaboration, une décision prise depuis longtemps. "Et là, j’ai pris quelques années de repos. Ça faisait presque 15 ans que je travaillais sans relâche pour Bet.e & Stef. Je ne prenais jamais de vacances. Je travaillais beaucoup, beaucoup. Là, j’avais besoin de relaxer, de prendre le temps de tourner la page et de voir ce que j’aurais envie de faire après. Carlos faisait de la musique. Et on pensait qu’on aurait toujours nos carrières séparées. À un moment donné, on s’est rendu compte que, si effectivement on avait des carrières séparées, on serait séparés aussi."
CHOIX DE LA COURSE
Afin de se voir ailleurs que dans les aéroports, Bet.e et le guitariste cubain ont décidé de marier leurs destinées artistiques. Entourés du bassiste Lazaro Leyvara Barberis et de David Lepage, batteur fraîchement diplômé de l’Université de Montréal, ils explorent des musiques liées par leurs racines africaines: musiques afro-cubaine et brésilienne, soul, rythm and blues…
La rumeur avait circulé qu’un album sortirait au printemps dernier. Qu’en est-il? "Ça s’en vient! Il va sortir quand il va être prêt!" s’exclame la musicienne. Elle enchaîne: "Je pense qu’il y a certaines choses que, même si tu es pressé, ça ne change rien. Des fois, il y a des circonstances que tu ne contrôles pas qui font que ça prend le temps que ça prend. Et ça, on s’en est bien rendu compte. On a bien essayé de le sortir au printemps, cet album. C’est depuis septembre dernier qu’on travaille dessus. (…) L’important, c’est qu’il soit le meilleur possible. Et il faut qu’on soit en paix avec, qu’on soit fiers et prêts à le défendre à travers le monde pendant plusieurs années. Parce qu’on peut partir en tournée longtemps. Alors, il faut être sûrs de l’aimer." Malgré tout, cela ne les empêche pas de participer aux plus importants événements musicaux de l’été, comme le Festival de jazz de Montréal, le Festival d’été de Québec et l’International de l’art vocal de Trois-Rivières. Une manière de donner un avant-goût de leur matériel au public et de faire évoluer leurs compositions.
DANS LE RÉTROVISEUR
Nul doute que la vie sourit à pleines dents à la jolie interprète. N’empêche que sa séparation d’avec Stef l’avait quelque peu chamboulée au départ. "C’est un gros changement. C’est comme les gens qui prennent leur retraite après avoir travaillé pendant plusieurs années au même poste, dans la même entreprise. Et là, du jour au lendemain, ils constatent que tout ça, c’est fini. C’est une grosse, grosse adaptation. Parce qu’effectivement, ça faisait plus de 10 ans que je travaillais fort tout le temps. Et là, après le show d’adieu, je n’avais plus rien à faire: je n’avais plus de shows, je ne préparais pas d’album, je ne travaillais sur rien… Oui, ça a été une adaptation, que j’ai pris un certain temps à digérer. Et je dirais que ça a pris plus de temps que je pensais. Je pensais qu’après quelques mois je serais prête à faire un autre spectacle sans problème." Finalement, le processus aura demandé deux ans. "J’ai vraiment pris le temps de me reposer, de tourner la page, de faire la paix avec tout ce qui s’était passé", ajoute-t-elle.
Et le projet avec son conjoint correspond-il à ses aspirations? "On peut vraiment aller plus loin, et ça, ça fait vraiment beaucoup de bien. Parce qu’avec le duo que j’avais avant, c’était quand même limité. (…) Ici, il n’y a pas vraiment de limites quant à l’exploration musicale. C’est vraiment ça que je voulais. Et tout ça se fait dans le calme et l’harmonie. Ça ne prend pas beaucoup de temps, non plus. C’est vraiment le fun pour moi. Là, j’ai vraiment une auto qui roule vite", dit-elle en éclatant de rire.
Le 28 juin à 17h
(Concert-bénéfice pour Point de rue)
Au Pavillon Jacques-Cartier du Parc de l’île Saint-Quentin
Voir calendrier World/Reggae
Le 29 juin
À l’International de l’art vocal