David Clayton-Thomas : Suer sang et larmes
David Clayton-Thomas est l’un des rares chanteurs à naviguer aussi aisément à travers le blues, le R&B, le folk et le jazz. Son dernier enregistrement révèle les différentes musiques qui l’ont nourri.
À Toronto, au début des années 60, la scène musicale est effervescente et permet aux musiciens de se frotter au rockabilly, au blues, au R&B et au jazz: "Le premier groupe que j’ai eu en était un de blues. Nous jouions à la fois du Howlin’ Wolf et du Motown." David Clayton-Thomas interprétait des chansons de Bobby "Blue" Bland, Jimmy Reed, Jimmy Witherspoon. La scène de Yorkville Village était influencée par les grands bluesmen: Lonnie Johnson, John Lee Hooker, Mississippi John Hurt, Sonny Terry et Brownie McGhee. Sueur, sang et larmes.
Le chanteur explique comment la scène s’est développée à partir du milieu des années 60: "De jeunes artistes comme Joni Mitchell et Neil Young ont commencé à jouer dans les cafés. Il n’en fallait pas plus pour que les groupes de cover éprouvent le besoin d’écrire." En 1966, Clayton-Thomas forme The Bossmen, le premier groupe de rock torontois à incorporer des musiciens de jazz. "Nous sortions de la structure des trois accords pour nous intéresser aux musiques de Miles Davis, de John Coltrane et d’Oscar Peterson. Nous avions une section rythmique de jazz. Nous écrivions pour les guitares comme s’il s’était agi de cuivres. Du jazz avec un groove propre au rock." Cette évolution du blues vers le jazz-rock amène Clayton-Thomas à New York dès 1967.
À cette époque, la métropole américaine est un véritable creuset de création et c’est dans ce contexte que se forme Blood, Sweat & Tears: "La plupart des musiciens que je connaissais découvraient les Mothers of Invention, Sun Ra, les Brecker Brothers, ils étaient à l’affût de nouveauté. Le premier album de BST, c’est le reflet de ce que nous faisions très spontanément au Café-A-Gogo. Au même moment, le jeune public vouait déjà un culte à de jeunes auteurs-compositeurs-interprètes comme Eva Cassidy et Laura Nyro." Puis, après les grandes mélodies des Beatles et le psychédélisme de Jefferson Airplane, Blood, Sweat & Tears entra dans l’histoire de la musique pop en favorisant la fusion du jazz et du rock. Au milieu des années 70, le groupe s’est reformé à quelques occasions pour prendre la route avec de prestigieux musiciens comme Joe Henderson, Jaco Pastorius et Mike Stern. Dans les années 90, cette formation est devenue un groupe de tournée, sans jamais enregistrer de nouveau, et Clayton-Thomas éprouvait très fort en lui le besoin de composer à nouveau.
Au début des années 2000, David Clayton-Thomas retourne vivre à Toronto et réalise Aurora (2005) avec son vieux complice de jeunesse, le fameux pianiste Doug Riley.
Avec un quartette de jazz acoustique, il interprète beaucoup de classiques qui mettent en valeur ses grandes qualités d’interprète. Des standards de jazz, des morceaux de choix de la chanson anglophone: "Aurora est un disque très intime, qui laisse beaucoup de place à la voix. C’est un album réalisé avec quatre grands musiciens. Déjà, je sentais le projet d’un disque live regroupant toutes les chansons qui ont jalonné ma carrière."
David Clayton-Thomas in Concert: A Musical Biography réunit plusieurs des chansons de la belle époque de BST. La voix du chanteur n’a rien perdu de sa vigueur et l’homme déborde d’énergie, d’humour, avec l’élégance d’un Clark Gable. Il a réuni ses vieux potes Doug Riley (claviers) et George Koller (contrebasse) et formé un orchestre de 11 musiciens avec un tas de cuivres dont il a confié la direction à Bruce Cassidy: "Nous voulions éviter d’avoir l’air d’un clone de BST, de reproduire le son des années 69-70. Nous avons tenté de faire sonner la section rythmique de façon différente. Les arrangements de cuivres de Cassidy contribuent aussi à donner une identité sonore à la formation."
En janvier 2007, David Clayton-Thomas sera intronisé au Songwriters Hall of Fame, rejoignant ainsi les Gilles Vigneault et Leonard Cohen!
Le 29 juin à 18 h
Au Spectrum