Festival International de Jazz de Montréal : Susie Arioli, John Zorn, Dee Dee Brigdewater, Pharoah Sanders, Joost Buis
SUSIE ARIOLI
Depuis plus de dix ans maintenant, Susie Arioli et Jordan Officer occupent une large place dans le paysage musical québécois. Ils ont rafraîchi des succès du blues, du swing et de la chanson pop des années 20, 30, 40 et 50 et le public les a forcés à sortir des petits bars et à mener leur musique pour un gros party sur la place publique. Avec Learn To Smile Again, le Susie Arioli Band nous a fait renouer avec le feeling particulier du country. Le travail d’accompagnateur et de producteur d’Officer en fait un personnage incontournable de la scène musicale d’ici. L’invitation à faire partie de la série Jazz Beat, aux côtés des grandes vedettes de jazz de la planète, certains étant considérés comme des "légendes", témoigne de la reconnaissance du FIJM à leur égard. Arioli nous fera découvrir ses derniers coups de coeur, ce qui anime son travail récent de créatrice. Le 29 juin à 22 h au Spectrum. (D. Lelièvre)
JOHN ZORN
C’est plus de 500 mélodies que John Zorn a écrit pour son projet Masada depuis 1993. Le compositeur et saxophoniste y mêle ses racines juives à des accents jazz inspirés d’Ornette Coleman, entre autres. Le quatuor original, dans lequel Zorn s’entoure de Dave Douglas (trompette), Joey Baron (batterie) et Greg Cohen (contrebasse), a produit une dizaine d’albums en studio, sept en concerts, et il existe aussi de nombreuses autres interprétations qui vont du trio à cordes au groupe heavy metal. On a déjà vu le quatuor original (acoustique) au FIJM en 1997 et en 2000. Se plaindra-t-on de les revoir? Que non! La maîtrise parfaite de ces quatre musiciens vaut la peine d’être vue et revue. De la joie pure en perspective. Le 29 juin à 18 h au Théâtre Maisonneuve. (R. Beaucage)
DEE DEE BRIDGEWATER
C’est un fait connu, Dee Dee Brigdewater, l’Américaine francophile, se sent chez elle au festival de Montréal. Particulièrement choyée il y a quelques années (elle fut récipiendaire du Prix Ella Fitzgerald en 2000), elle revient avec un projet auquel les critiques ont réservé un accueil mitigé, mais qui lui tient particulièrement à coeur. J’ai deux amours, ce n’est pas seulement un gimmick du genre "jazz dans la langue de Molière", ni un simple clin d’oeil à Joséphine Baker dont elle a hérité l’éclat de rire, un certain panache et ce petit côté un tantinet excentrique. Oui, c’est un échange bilingue, interculturel, entre standards et chansonnettes, mais surtout avec une esthétique propre et des musiciens très nuancés qui ajoutent leurs propres couleurs. Ira Coleman (contrebasse), Louis Winsberg à la six cordes et le merveilleux Marc Berthoumieux à l’accordéon: on va se la couler douce. Le 30 juin à 18 h au Théâtre Maisonneuve. (R. Boncy)
PHAROAH SANDERS
Quand on parle des derniers géants, il faut compter avec Pharoah Sanders. On reconnaît avant tout son côté mystique et il restera toujours le disciple de Coltrane qui trouve sa lumière dans l’ombre du maître qu’il continue inlassablement de vénérer. Mais sa sonorité bien distincte, ses fameuses harmoniques au saxophone ténor, sa manière si intense de glorifier sa négritude et tout l’héritage africain font de lui un artiste vraiment unique. Toujours entre la sagesse et la folie avec sa célèbre barbiche blanche et son regard profond, Sanders est, à 66 ans, un farouche indépendantiste, quelqu’un à qui personne ne dicte aucune loi ni aucune marche à suivre. C’est sa première visite depuis longtemps et il arrive avec un trio pas piqué des vers. Lévitation et profondeur garanties le 30 juin à 22 h au Spectrum. (R. Boncy)
JOOST BUIS
Le tromboniste hollandais Joost Buis était chez nous en mai dernier comme quatrième larron du Ab Baars Trio, faisant profiter le groupe de son expérience de la musique de Duke Ellington. Le revoici avec son propre ensemble de dix musiciens, Astronotes, pour une tournée canadienne de six dates qui s’arrête au FIJM le 29. Buis compose une musique dont les arrangements laissent parfois passer quelques références à la riche histoire du jazz, mais qui rejoint aussi les expérimentations les plus récentes en matière d’improvisation, réussissant à donner du swing à ses processus de déconstruction tout en mêlant les ambiances à souhait. Et avec trois sax, deux percussionnistes, piano, guitare, contrebasse, trompette et trombone, le terrain de jeu est vaste! Le 29 juin à 21 h au Musée d’art contemporain. (R. Beaucage)