Jean-Pierre Zanella : Carte postale brésilienne
Musique

Jean-Pierre Zanella : Carte postale brésilienne

Le saxophoniste Jean-Pierre Zanella exprime sa grande passion pour la culture brésilienne par un hommage bien senti à deux de ses plus grands créateurs, Heitor Villa-Lobos et Antonio Carlos Jobim.

Le 21 mars 2003 a eu lieu la Journée internationale de la forêt. Le 17 juin de la même année: la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse. Ce sont trop souvent encore des peuples autochtones qui vivent dans ces conditions de précarité, de danger, comme au Brésil. Jean-Pierre Zanella s’est senti plus que jamais interpellé par cette situation et s’est rappelé la suite symphonique de Heitor Villa-Lobos, Floresta De Amazonas (Forêt de l’Amazonie) dont de magnifiques thèmes, comme Melodia Sentimental, ont été repris par de grands interprètes de la chanson populaire tels Joao Bosco, Djavan et Ney Matogrosso: "Ces compositions de Villa-Lobos sont fortement imprégnées de la culture amérindienne, de leur musique, de leur façon d’être".

Ce métissage entre les musiques européenne, africaine et indienne s’opère dès la fin du XIXe siècle. Le choro, joué d’abord beaucoup à la mandoline, est sans doute le style le plus ancien de la musique brésilienne. Il offre le côté polyphonique du blues. Le grand compositeur classique Ernesto Nazareth l’élèvera au niveau du grand art. Villa-Lobos reconnaît en lui un grand maître. Peu à peu, les audaces harmoniques du choro paveront la voie à la bossa-nova.

Saxophoniste, compositeur et arrangeur, Jean-Pierre Zanella décide de rendre hommage à ces deux créateurs incontournables de la musique brésilienne du XXe siècle, Heitor Vila-Lobos et Antonio Carlos Jobim, par un disque qui vient tout juste de paraître en juin 2006. Il voit les deux compositeurs comme en continuité: "Villa-Lobos a établi des bases. Plusieurs de ses pièces classiques sont construites sur divers modes. Souvent, l’harmonie ne repose que sur un ou deux accords en mineur. Jobim en est l’héritier. Les canevas de ses chansons sont aussi solides que ceux des Gershwin, Porter, Rogers".

Zanella reprend, dans de magnifiques arrangements, six pièces de Villa-Lobos, dont Bird’s Song, Exploracao, Excitement Among The Indians, et quatre de Jobim dont Dindi et la merveilleuse Olha Maria. Si l’auteur de Mar Morto, le grand romancier brésilien Jorge Amado, avait su décrire avec lyrisme les petites gens de la côte de Bahia et les nombreux mythes qui les relient à la mer, Jobim, pour sa part, est passé maître dans l’art de les suggérer par des paysages musicaux.

Autour de lui, Zanella a réuni les membres réguliers de son quartette (James Gelfand, Michel Donato et Paul Brochu). Se joignent à eux Norman Lachapelle (basse électrique), Muhammad Abdul Al Kabhyyr (trombone) et Altay Veloso (voix). Plusieurs des grands disques de jazz cernent un univers en particulier. Celui-là fait assurément partie de ce nombre.

Le saxophoniste est présentement fasciné par le regain d’intérêt pour le choro du début du XXe siècle. Le genre se renouvelle: "Le choro est une fusion entre l’harmonie européenne et les rythmes afro-américains. En ce sens, il est précurseur du jazz! À 16-17 ans, les jeunes Brésiliens jouent de la guitare à 7 cordes". L’engouement actuel pour le jeune virtuose Hamilton De Hollanda et la présence du Choro Ensemble (Pedro Ramos, Anat Cohen, Ze Mauricio, Carlos Almeida, Gustavo Dantas ) sont des signes de cette effervescence.

Le 29 juin à 18 h
Au Gésù