The Dears : Enfants chéris
Musique

The Dears : Enfants chéris

Les Dears sortent de leur tanière deux mois avant la parution de leur prochain effort. Une occasion de cuisiner le bassiste Martin Pelland, toujours aussi sympathique à la cause journalistique.

Si plusieurs artistes jouent les nonchalants au contact d’un journaliste musique, Martin Pelland adopte l’attitude inverse. Souriant, le bassiste des Dears fait souvent les premiers pas, engageant la conversation. Pas pour nous amadouer, les Dears n’ont plus à faire la pute pour obtenir de la couverture médiatique, mais parce que si Martin n’était pas musicien, il chercherait sans doute à nous piquer nos jobs.

"J’ai déjà enseigné le français au Collège LaSalle. Je rêvais d’être musicien, bien sûr, mais aussi critique rock. Je tiens encore un journal de bord en tournée. Un jour, j’aimerais monter un recueil de textes écrits par des musiciens. Je leur demanderais de raconter un moment de leur vie où la musique a fait d’eux de meilleurs êtres humains. Je pourrais vendre le livre au profit d’une bonne cause, comme le maintien des cours de musique au primaire."

Martin n’a pas changé d’un iota malgré le succès remporté par l’album No Cities Left, vendu à 100 000 exemplaires à travers le monde. "Si les années 2004 et 2005 ont changé quelque chose pour les Dears, je crois qu’elles nous ont soudés. Quand tu donnes six entrevues dans ta journée, que tu joues le soir en concert et que tu dors trois heures pour ensuite prendre un avion qui t’amènera dans un pays où personne n’a encore soupé… C’est dur pour les nerfs", explique-t-il sans toutefois se plaindre. "Dans ces moments-là, n’importe quel petit geste anodin pourrait faire exploser une formation qui connaît la gloire trop rapidement. La chicane éclate et des clans se forment à l’intérieur même du groupe. Mais comme les Dears ont mis six ans et demi avant d’en arriver là, nous avons pris le temps ensemble d’apprécier ces deux ans, conscients des dangers et heureux d’avoir enfin atteint notre but."

Avec le chanteur-guitariste Murray Lightburn marié à la claviériste Natalia Yanchak, et avec Martin qui épousera la claviériste Valérie Jodoin-Keaton cet été, la guerre des clans aurait pu se propager comme une traînée de poudre, mais c’est en symbiose que les Dears abordèrent la production du successeur de No Cities, enregistré dans la maison des nouveaux parents Murray et Natalia.

Aux dires de Martin, l’album, baptisé Gang of Losers et lancé à la fin août, fut majoritairement composé en groupe (par opposition au dernier où Murray avait pris le plancher). "Nous voulions travailler les pièces ensemble, les enregistrer live et aller direct au but. Les gens vont reconnaître la signature sonore complexe et prenante des Dears, mais l’énergie sera différente."

Lors de son concert au FIJM, son premier en tant que tête d’affiche au Métropolis, le groupe interprétera sept ou huit nouvelles pièces dont Fear Made the World… qui se retrouve présentement sur la page myspace.com/thedears. "Je suis très content que le Festival donne une vitrine aux artistes rock anglophones de Montréal. Je ne veux vraiment pas que le côté jazz meure, mais il y a des virtuoses dans le monde du rock qui méritent de s’y produire. D’ailleurs, c’est lors du Festival de Jazz que j’ai vu mon premier concert à vie. Mon père m’avait emmené avec ma mère et mon frère voir B.B. King à la Place des Arts. Je devais avoir cinq ans, mais je me souviens exactement d’où j’étais assis."

Ironiquement, la légende blues joue encore cette année au FIJM. Martin s’est promis d’y emmener sa famille.

Le 29 juin à 20 h 30
Au Métropolis