Yannick Rieu : Deux fois Rieu
Musique

Yannick Rieu : Deux fois Rieu

Le saxophoniste Yannick Rieu, récipiendaire du prix Oscar-Peterson 2006, nous présentera son travail le plus récent dans le contexte de deux trios qui joueront en alternance.

Le projet Yannick Rieu Trio 2 X 3 = 5 s’inscrit dans la fort belle série Jazz d’ici qui regroupe chaque année plusieurs des musiciens les plus accomplis de la scène du jazz à Montréal. À l’automne 2005, le compositeur et interprète faisait paraître un septième album, "I" Is Memory, qui s’attira les éloges de la critique. Rieu aime reprendre des matériaux déjà utilisés, les exposer au danger, les explorer.

Le frottement de deux trios, l’un saxophone-piano-contrebasse, l’autre saxophone-contrebasse-batterie, permet de mener la recherche plus loin et d’ouvrir la voie vers l’inconnu: ""I" Is Memory était déjà une amorce de ça. Je veux présenter l’aboutissement de certaines idées. Je veux que le contraste entre les deux trios soit évident. Le trio avec la batterie sera plus énergique, plus robuste. À la fin, nous ferons une pièce tous ensemble." Le premier trio est formé de François Bourassa, Guy Boisvert et Rieu; le second, d’Adrian Velady, Michel Lambert et Rieu: "J’aime la façon dont Adrian pose ses notes. Ce que j’aime chez Michel, comme chez Robbie Kuster d’ailleurs, c’est son approche très mélodique. Il faut dire qu’il écrit beaucoup de musique." De quoi sera composé le répertoire? "De quelques standards, comme Like Someone in Love, Giant Steps, une chanson de Charles Trenet, le premier mouvement de l’oeuvre de Max Roach Freedom Suite."

Le FIJM remettra cette année à Yannick Rieu le prestigieux prix Oscar-Peterson qui souligne la qualité d’un musicien et sa contribution exceptionnelle au développement du jazz canadien. Il en sera le 18e récipiendaire, après les Oliver Jones, Paul Bley, Michel Donato, Diana Krall, Kenny Wheeler, Bernard Primeau. Le jury aura sans doute voulu souligner sa persévérance, son entêtement à se forger une identité et, du même coup, l’inspiration qu’il aura su donner à de jeunes créateurs: "Ma première réaction fut de dire que plusieurs autres musiciens auraient mérité ce prix. Des musiciens que j’admire. Des gens qui ont tracé une voie qui leur est propre. J’ai toujours poussé les choses, mais pas dans un but carriériste. Je n’ai pas attendu. J’ai, plus que jamais auparavant, le goût de partager. J’ai le sentiment d’apporter ma petite pierre."

Yannick Rieu a toujours nourri une grande passion pour plusieurs genres de musique, la chanson en particulier. Au moment de notre entretien, joue derrière lui la musique d’Orlando Gibbons, l’un des grands compositeurs de musique polyphonique.

C’est ainsi qu’il écrit la musique des spectacles de danse de Louise Lecavalier et l’interprète sur scène. Au début 2005, la danseuse créait Cobalt rouge, avec la complicité de Marc Boivin, Masahuru Imazu et Ted Robinson. À l’automne, la troupe se rendra en Extrême-Orient: "Nous irons en Chine, en Corée. Louise s’est fait opérer à la hanche au printemps dernier, et depuis, elle a retrouvé beaucoup de souplesse. Pour la musique, c’est très écrit. L’improvisation déstabilise les danseurs. Dans ce contexte, je ne joue que du soprano."

Le 30 juin à 18 h
Au Gesù