CéU : Fleur rare
Musique

CéU : Fleur rare

CéU atteste de cette nouvelle scène underground et multicolore qui fleurit encore à Sao Paolo et se confesse, plutôt fière, d’en être partie prenante.

C’est ce sacré Gainsbourg qui disait, en parlant de Vanessa: "Paradis, c’est l’enfer!". On pourrait penser la même chose de cette virginale Maria de Sao Paolo. La métisse brésilienne porte les noms de Whitaker (par sa mère blanche, d’origine européenne) et de Poças (par son grand musicien de père). Mais on la surnomme tout simplement CéU (prononcer comme: "C’est où?"), tel qu’il se dit affectueusement au Brésil de ce qui est d’essence céleste. Comme un petit ange venu du ciel avec deux ailes qui nous offre en musique un refuge, un petit coin de paradis tropical.

"Il y a tellement d’artistes talentueux qui s’amusent à créer dans cet univers, dit-elle avec enthousiasme et humilité, je me sens vraiment chanceuse d’être ici aujourd’hui, dans cette gang. Sao Paolo, c’est vraiment la ville gigantesque, tentaculaire, la cité des opportunités, et les gens arrivent de partout au Brésil pour y chercher du boulot. La scène musicale est donc la résultante directe de ces mélanges de différents backgrounds culturels."

Sandrine Teixido, une journaliste établie en France mais qui connaît bien le sujet, affirme que ce premier disque que nous avons trouvé si subtil, envoûtant, audacieux et magique est en réalité "une photographie sonore de Sao Paolo". Au téléphone, CéU acquiesce et confirme comment sa version très personnelle de Concrete Jungle de Bob Marley, par exemple, reflète encore pour elle la mégapole du Sud où elle a grandi.

Du rose et des couleurs pastel, il y en a partout dans la pochette attrayante de cet album attachant qui se retrouve aujourd’hui jusque dans les grandes surfaces au Québec. L’artiste – dont le premier album a eu un certain écho en France – est plutôt flattée et même carrément intimidée d’entendre comment le public d’ici est réceptif à son mélange d’électro-jazz, d’afro beat, de reggae dub. C’est qu’elle vient de loin.

À dix-huit ans, lorsqu’elle est montée à New York, Maria CéU voulait se perfectionner en jazz et blues et surtout voir autre chose. Elle galère d’abord dans East Village, se cherche un coloc, tombe sur Antonio Pinto, un cousin éloigné et un peu pommé qui a signé les trames sonores des fabuleux films brésiliens Gare Centrale et Cité des Dieux. C’est lui qui va la présenter à ces diablotins de Alec Haiat et Beto Vilares, de jeunes et talentueux musiciens avec lesquels elle forme d’abord un groupe de samba funk avant d’écrire une flopée de chansons et d’enregistrer cette merveille d’album dans le chaos total. Une aventure un peu folle qui les amène à Québec dans quelques jours.

Une jeune chanteuse brésilienne totalement inconnue dont on n’a jamais vu le moindre clip ni entendu la moindre entrevue qui réussit à vendre dix mille copies de son premier album en quatre mois, au Québec seulement: on n’avait jamais vu ça!

Le 6 juillet à 19h30
À la Place Métro
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