Dave Alvin : Mythique Californie
Musique

Dave Alvin : Mythique Californie

Le guitariste et compositeur Dave Alvin incarne à merveille le mouvement musical de l’americana. Avec West of the West, il chante la Californie, ses mythes et ses principaux  chantres.

Dave Alvin

peut être considéré comme l’un des pionniers du country rock alternatif. Au début des années 80, au sein des Blasters, il cherche un équilibre entre les racines du rock américain et l’énergie du punk à la mode. Mais c’est dans le blues qu’il a d’abord grandi, écoutant les T-Bone Walker et Big Joe Turner. Dans les notes de pochette d’un très bel album réalisé en 2004, Ashgrove, il nous parle de l’influence de Leroy Carr, de Johnny "Guitar" Watson et de Percy Mayfield sur son écriture: "Les gens ont souvent tendance à négliger l’apport des auteurs de blues. Leroy Carr est pratiquement oublié et il constitue, pourtant, pour moi, une grande source d’inspiration. Dans les années 20, c’était une très grande vedette. Il a exercé une très grande influence, au même titre que Charley Patton et Robert Johnson. Percy Mayfield est aussi un auteur très sous-estimé. Johnny "Guitar" Watson, lui, comme Bob Dylan et Curtis Mayfield, a souvent changé de style, mais en restant toujours fidèle à ses racines." Ashgrove rassemble des chansons vraiment bien ciselées: Nine Volt Heart, Sinful Daughter, The Man in the Bed, Somewhere in Time: "En tant qu’auteur, je trouve que plus la chanson repose sur une expérience personnelle, plus elle a de chances d’acquérir une dimension universelle."

En 2006, Alvin rend hommage aux grands auteurs-compositeurs-interprètes californiens avec un disque intitulé West of the West, regroupant 13 grandes chansons qui vont des Beach Boys à Tom Waits. Malgré plusieurs différences, elles tracent le portrait mosaïque d’un État mythique: "C’est un État dont la géographie est complexe (le désert, la neige), mais les différences ne se situent pas qu’à ce niveau. La Californie est un État plein de paradoxes: d’un côté, des superstars, de l’autre, des Mexicains qui meurent à la frontière. Les mythes ici sont persistants. J’apprends à composer avec eux. Par ailleurs, à cause de son histoire (l’immigration des Italiens, puis des Chinois), le Californien n’a pas eu d’autre choix que d’avoir l’esprit ouvert."

Alvin reprend une chanson de Merle Haggard, Run River, qui renvoie à l’immigration de 1930 et porte sur la discrimination. Une chanson aussi de John Stewart, Redneck Friend, qui a été l’un des premiers à exprimer l’importance de chanter son coin de pays: "C’est très important dans la recherche que nous faisons pour définir notre identité." À l’opposé, Loser, de Jerry Garcia, offre un caractère plus personnel et, sur le plan musical, illustre bien l’ouverture de la fin des années 60: "Jerry Garcia était d’un tempérament plutôt sombre. Le personnage de sa chanson est très désespéré. Le Grateful Dead constitue un exemple parfait de l’éclectisme en Californie." Alvin rend aussi hommage à des forces vives de la scène folk (l’excellent Jim Ringer) et à des acteurs dynamiques de la scène musicale de Los Angeles comme Richard Berry, John Fogerty et les Beach Boys: "Les chansons de Brian Wilson ont un ton doux-amer. C’était un grand mélancolique. J’ai voulu intégrer les deux univers, le surf et le R&B, et faire vraiment ressortir le texte." Avec West of the West, Dave Alvin se retrouve au sommet des palmarès aux côtés des Neko Case, T-Bone Burnett, Emmylou Harris. De la visite de haut calibre!

Le 12 juillet à 19h30
À la Place Métro
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