Daniel Mille : Le funambule
Musique

Daniel Mille : Le funambule

Daniel Mille trimballe son accordéon jazz entre tempête et langueur. Il est de retour à Montréal avec Après la pluie, son magnifique et délicat cinquième album. Envoûtement assuré.

Ce qu’il y a de singulier avec Daniel Mille, c’est qu’on n’a pas l’impression d’entendre de l’accordéon. Et pourtant, c’en est. Du grandiose. Du souvent violent. Du déchirant. Du funambulisme. Oubliez les clichés du musette, des chanteurs français de variétés. On vogue avec Mille en d’autres eaux. L’accordéon jazz. Une curiosité.

Le Français Daniel Mille fut l’élève de Richard Galliano, ce qui l’a mené sur les planches – en compagnie de son maître – aux côtés de Barbara. Tous les trois ont joué ensemble le temps d’une série de spectacles. Depuis quelques années, Mille accompagne les récitals de poésie de Jean-Louis Trintignant (Apollinaire, Aragon).

Mieux, l’accordéoniste poursuit une carrière solo entamée en 1993 avec Sur les quais, premier album publié chez Saravah, étiquette indépendante de Pierre Barouh qu’il quitta au bout de trois CD: "C’est un peu comme en amour, il y a des histoires qui commencent et d’autres qui se terminent. J’ai eu une très belle histoire avec Saravah, je reste en bons termes avec Pierre Barouh, je le vois souvent. Mais après ce contrat, j’ai eu envie de travailler avec Daniel Richard, le patron de Universal Jazz. C’est plus une histoire d’individus que de label. J’ai rencontré ce monsieur, c’est un passionné de musique depuis 30 ans. C’est ce qui m’a motivé, raconte Mille au téléphone. J’ai la même liberté dans mon travail qu’avant, c’est important de le dire. J’ai tout choisi pour cet album, de la première à la dernière note, jusqu’à la pochette."

Les cordes avaient fait leur apparition sur l’album précédent, Entre chien et loup. Elles sont encore plus présentes sur Après la pluie: "C’était pour moi un vieux fantasme de mélanger un instrument "de rue" aux instruments de salon. J’adore les cordes, spécialement lorsqu’elles sont bien écrites. J’ai fait appel à Khalil Chahine, quelqu’un de formidable. J’ai un projet d’ailleurs avec un orchestre à cordes, il faudra que je le fasse un jour…"

Autre nouveauté pour ce cinquième disque de Mille: "C’est le premier qui ne contient pas de guitare. Ce n’est pas un hasard si j’ai changé: il me semblait avoir beaucoup exploité cette couleur guitare/accordéon, qui est une couleur qui fonctionne partout dans le monde. Partout on mélange ces deux instruments, dans le manouche et la musique brésilienne. Je voulais faire autre chose, me mettre en danger, me risquer à d’autres mélanges. Le choix du piano pour remplacer la guitare a été décisif."

"Un peu comme lorsqu’on écrit, j’ai passé de longs mois devant mes pages blanches, j’ai avancé tout doucement. Je suis toujours à l’affût d’une note, d’une petite mélodie que je garde ou que je jette." À écouter son nouveau disque, nul doute que l’accordéoniste a bien su trier pour ne garder que l’essentiel.

Le 2 juillet à 22 h 30
Au Gesù
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