McCoy Tyner : Un peu plus haut, un peu plus loin…
McCoy Tyner a jeté, dès le début des années 60 avec John Coltrane, les bases d’un jazz contemporain. Depuis, il n’a pas cessé de s’ouvrir à de multiples styles musicaux.
McCoy Tyner est un artiste particulièrement prolifique: pas moins de 50 albums depuis 1980! Ces dernières années, il travaille surtout en trio avec le contrebassiste Charnett Moffet et le batteur Eric Harland: "J’aime d’abord jouer dans des contextes variés. J’écoute, bien sûr, du jazz, mais aussi Bach, Beethoven. J’ai toujours aimé enregistrer. Cela te permet de savoir où t’es rendu, de faire le point. John Coltrane a beaucoup appris à jouer et à enregistrer avec Miles Davis. À son tour, il m’a énormément enseigné. Au sein du trio avec Moffet et Harland, ce que j’apprécie, c’est qu’ils provoquent beaucoup de choses au plan harmonique. J’aime soutenir le jeu."
Tyner a souvent rendu hommage à Coltrane: Coltrane (1987), Remembering John (1991): "Nous avions deux personnalités qui se complétaient bien. John m’a appris à être respectueux, généreux et à me forger une forte identité. Nous partagions la même spiritualité, mais vécue de façon légèrement différente. En bon baptiste, il fréquentait assidûment l’église le dimanche. Moi, je tentais, avec beaucoup d’humilité, de vivre un certain humanisme."
En 1991, Tyner réalise un album important en big band, The Turning Point: "J’ai toujours aimé les big bands. Duke Ellington, les grands solistes du swing, Gil Evans."
Le septette qui l’amène à Montréal et dans d’autres villes du Canada entretient cet esprit du petit orchestre. Une sorte d’"all-stars band" composé de Dave Liebman (saxophones ténor et soprano), Donald Harrison (saxophone alto), Nicholas Payton (trompette), Steve Turre (trombone), Charnett Moffet (contrebasse) et Eric Gravat (batterie). C’est Tyner qui a donné sa première chance à ce dernier à la fin des années 60. Il s’est retrouvé au sein de Weather Report à l’époque d’I Sing the Body Electric. Depuis deux ou trois ans, après une longue éclipse, il joue à nouveau fréquemment avec le pianiste.
Comme interprète, Tyner a, depuis longtemps, sublimé la technique et son jeu a atteint une maturité exemplaire: "Une fois que tu sais tes gammes, 95 % du reste relève de l’imagination. En m’exposant, en prenant des risques, je réalise où sont mes limites. Mais ce qui importe le plus, c’est que ce que je joue maintenant donne un sens à ma vie, témoigne de ce que je suis, du point où je suis rendu. Il y a tellement de gens qui cherchent à dire quelque chose à tout prix, d’autres qui vous disent quoi faire. Plus je vieillis, plus je me dis qu’il faut aller ailleurs, plus loin, toujours en avant."
De Real McCoy (Blue Note, 1966) à Illuminations (Telarc, 2004), en passant par Expressions (Blue Note, 1969) et Enlightenment (Impulse, 1972), le pianiste McCoy Tyner a réalisé l’une des oeuvres pianistiques majeures du jazz des 40 dernières années, et son influence comme interprète est l’une des plus fortes. La synthèse du style de Bill Evans et du sien est l’une des plus fréquentes chez les pianistes qui ont suivi.
Le 2 juillet, à 18 h
Avec Dave Liebman, Nicholas Payton, Donald Harrison, Steve Turre, Eric Gravat et Charnett Moffet
Au Théâtre Maisonneuve
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