Nils Petter Molvaer : Cuivres chauds
Nils Petter Molvaer a très vite senti la possibilité de concilier jazz, électronique et hip-hop. Le trompettiste nous entretient ici de ses premiers pas dans le jazz et de son travail de producteur.
La génération de musiciens norvégiens qui précède Nils Petter Molvaer a absorbé les éléments les plus novateurs du jazz américain des années 60-70 tout en se situant par rapport à des racines originales. Jeune musicien, Molvaer a beaucoup appris auprès d’eux, écouté assidûment le grand trompettiste Palle Mikkelborg. Il a fait partie du groupe Masqualero d’Arild Andersen. Il joue sur un disque de ce dernier, Electra, avec Edwin Arsaat et Patrice Héral: "Jouer avec Jon Christensen et tous ces musiciens-là a représenté l’école la plus importante, dans tous les sens. C’est à leur contact que j’ai compris que la musique, comme la vie, est quelque chose de très organique. Comme trompettiste, j’ai écouté Miles Davis, Woody Shaw, Don Cherry et, de plus en plus, Jon Hassell."
Avec l’album Solid Ether, la composition, l’enregistrement et la production apparaissent clairement comme les facettes d’un même processus, et d’un processus en constante évolution. L’électronique peut parfois donner d’affreux résultats. Travailler avec une quincaillerie lourde tout en cherchant "l’espace, la clarté, la poésie", pour reprendre les termes de Molvaer, peut sembler un paradoxe: "J’aime travailler sur des contrastes, voir comment ils peuvent fusionner, comme toute réalité organique. Je désire ainsi générer beaucoup d’énergie. Cependant, c’est important que mes lignes mélodiques soient porteuses d’une certaine poésie. Je pars d’un squelette, d’une structure ouverte qui me donne de la liberté comme improvisateur. Chaque matin, je me rends au studio pour réécouter, remixer. J’aime travailler avec la musique de films, celle de Mark Isham par exemple. J’essaie de comprendre comment les compositeurs de trames sonores se servent de la musique. J’apprends ce que je veux faire et ce que je ne veux pas faire." Récemment, Molvaer a composé la musique d’une mise en scène de Ghosts, d’après Ibsen. À l’hiver 2004, il a aussi créé un spectacle intégrant musique, éclairages et vidéo pour The National Producer of Live Performance: "J’aime l’interaction avec un autre medium. Ici, le film ou la pièce de théâtre, c’est en quelque sorte le soliste." Sur son dernier album, ER, le réalisateur laisse plus de place à la programmation (avec le concours de DJ Strangefruit et de Reidar Skaar), mais aussi aux structures mélodiques et à la voix (sublime Sidsel Endresen dans Only These Things Count). Le label américain Thirsty Ear Recordings fera paraître au début de juillet An American Compilation.
Malgré la modernité de sa musique, Molvaer voue un grand intérêt aux musiques traditionnelles du monde. Les grands compositeurs classiques scandinaves, comme Jean Sibelius ou Edvard Grieg, se sont beaucoup inspirés des musiques folkloriques: "La musique, en Afrique comme en Norvège, est souvent une question de survie. La musique est le reflet du désir de vivre." Les paysages norvégiens de la péninsule de Sula, avec ses brumes, ses récifs et ses coraux, contribuent sans doute depuis longtemps à former la vision de Molvaer: "J’arrive davantage à admettre cette influence aujourd’hui. Je suis plus en contact avec l’époque de ma vie où j’ai grandi."
Le 3 juillet
Avec Frivolous
Au Club Soda à minuit
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