Amadou & Mariam : Avec les yeux du coeur
Musique

Amadou & Mariam : Avec les yeux du coeur

Amadou & Mariam représentent un exemple éloquent de courage et de résilience. Leur chant en appelle à la solidarité des hommes. C’est ce côté festif qui a ému Manu Chao.

À 220 kilomètres de Bamako, au Mali, dans le haut Niger, se trouve la ville historique de Ségou, qui porte en elle la mémoire des royaumes du passé. Dans l’une des chansons les plus significatives de Dimanche à Bamako, Amadou Bagayoko, en évoquant Mamari "Biton" Coulibaly, considéré comme le grand fondateur du royaume de Ségou, chante le besoin de solidarité: "Où est Coulou contre lequel on peut s’appuyer?" "Il faut que les peuples soient solidaires, que finissent les combats", commente Amadou. Ségou devient le symbole d’un peuple qui, bien qu’il ait connu des chutes, a toujours su se relever. Cette terre a inspiré de nombreux écrivains dont Maryse Condé. Aujourd’hui, c’est un carrefour de musiques et de danses traditionnelles.

Pour Amadou Bagayako et Mariam Doumbia, surnommés depuis longtemps le couple aveugle du Mali, le chant est un don, la musique est devenue leur destin: "Avant l’avènement de la démocratie, les metteurs en scène de théâtre, par exemple, traçaient un tableau plutôt sombre de la situation du pays. Mais, au moment de l’avènement de la démocratie, les mêmes ont cette fois chanté le courage du peuple. Au Mali, les chanteurs sont des messagers".

La réalité est souvent faite de contrastes: des hauts et des bas, la richesse et la pauvreté, la perversion et la cohabitation, l’amour et la trahison: "La réalité n’est pas triste en soi. Il faut apprendre à l’aborder d’un bon côté, avoir le souci que tout s’améliore. Aujourd’hui, il y a des problèmes, demain il y aura des solutions". Les chanteurs veillent, ce sont des sentinelles, des vigiles. La parole malienne, reposant souvent sur des mythes ou sur des symboles, est d’une grande richesse. Parler avec Amadou Bagayoko fait l’effet d’un baume.

C’est cette musique festive, cette confiance sereine dans la vie qui a touché profondément Manu Chao: "Quand Mariam et moi avons débuté dans la musique, il a fallu apprendre tous les genres, le blues, le rock, le jazz. En un sens, ça a été un avantage, ça nous a ouvert les portes. Manu aimait déjà notre musique. En partant de ça, il a fait des arrangements, il a amené l’électronique, on a fusionné tout ça". Dans Senegal Fast Food, les mots de Manu Chao vont comme suit: "Il est minuit à Tokyo/Il est cinq heures au Mali/Quelle heure est-il au Paradis?/Nous qui sommes nés de cette chose/Chose là aucun de nous ne saurait la nommer." Pour Amadou, "Manu Chao tenait beaucoup à parler de l’exode. On vit tous sur le même navire, mais on ne sait jamais où il se rendra. Les Maliens ont toujours eu le goût de sortir du pays, d’aller chercher du travail ailleurs pour pouvoir mieux nourrir leurs parents. Ils sont d’abord partis vers la Côte d’Ivoire, le Sénégal, puis la France et les États-Unis". Cette Fête au village, ces Beaux dimanches, les arrangements les font s’éclater par les cuivres (clarinette, trompette), par l’harmonica.

Le 7 juillet à 21h30
À la Scène Métro
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