Avec Pas d'Casque : Sans protection
Musique

Avec Pas d’Casque : Sans protection

Avec Pas d’Casque distille son folk décalé, balancé entre des textes diablement bien tournés et des musiques simples et dénudées. Découverte en vue pour tous les cow-boys  dénaturés.

Décidément, la bonne nouvelle vient souvent, depuis quelque temps, par l’étiquette de disques Dare To Care. Fondé en 2000, le petit label montréalais – beaucoup moins petit depuis la venue en ses rangs de la tornade Malajube, qui l’oblige à se réorganiser un brin -, à qui l’on doit aussi la découverte de Pawa Up First, des Sainte-Catherines et de La Descente du Coude, tend à élargir et même à déborder de ses horizons punk, comme le prouve son nouveau protégé nageant dans les eaux country-folk, le duo joliment baptisé Avec Pas d’Casque.

Un nom qui vous dit peut-être déjà quelque chose, puisqu’on a pu voir le groupe se produire à quelques reprises en premières parties de Malajube et d’autres groupes dans la lignée Yesterday’s Ring. "On est spécialisés dans les premières parties, en fait", rigole Stéphane Lafleur, âme d’APC, connu également pour ses courts-métrages présentés lors des soirées Kino.

Après un premier EP mis au monde de façon indépendante, les voici de retour avec un disque très dépouillé, Trois chaudières de sang, beaucoup moins sanglant que ne le laisse entendre son titre, un disque évoquant parfois la désinvolture et l’intemporalité d’une Mara Tremblay (sur Chaloupe, notamment), l’univers du Rang de l’Église de Dany Placard, ou encore Fred Fortin par une nuit de panne d’électricité, amputé de son fuzz. "Vers la fin des années 90, au Québec, la vieille garde commençait à être plate et il n’y avait plus rien, à part Richard Desjardins, qui me rejoignait vraiment, avance Stéphane. Quand j’ai entendu Fred Fortin pour la première fois, je me suis dit: "Ah, O.K., on peut aller là", sans parler de tout son côté artisanal, fait maison, que j’aime beaucoup. Si, au Québec, on est rendu là aujourd’hui, c’est en partie grâce à lui et à d’autres qui ont dynamisé le milieu, en pointant de nouvelles avenues."

Un des traits marquants d’APC, c’est cet équilibre entre une musique très dénudée, assez simple, basée sur deux ou trois accords, et des textes plutôt denses, fort bien écrits, poétiques, parfois drôles, souvent sages (une sagesse qui n’a rien de tape-à-l’oeil), mais jamais cyniques. "Au départ, on s’était entendus sur le fait qu’on allait privilégier quelque chose de simple pour la musique, on souhaitait que les textes soient mis de l’avant." Joël, l’autre moitié d’APC: "C’est comme les mélanges de couleurs. Si t’en mets trop, tout devient brun!"

Écorchées sans être désenchantées, les paroles révèlent un étonnant sens de l’observation, des images ravissantes de "bunker en bâtons de popsicle", de "mitaines pare-balles", de "chaudières de sang" et de "poches de sucre", des intentions louables: "sauver le monde avec du tapioca", dresser "la liste des choses qui sont pas graves". "J’suis presque passé proche de pas tomber / On meurt pas mieux en première classe quand l’avion plante du nez", écrit Stéphane, qui a le tour de boucler ses tounes en les dédramatisant. Ainsi, la "pire journée du monde" devient, tout simplement, la "pire journée du monde pour arrêter de fumer". "C’est facile de faire des textes découragés, de se laisser aller au cynisme, et tellement pas constructif. Moi, je fais des efforts pour ne pas tomber là-dedans. On peut être déprimé pis sourire en même temps."

Le 13 juillet à 22h30
À l’Impérial de Québec
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