Broken Social Scene : Chasser la peur
Broken Social Scene s’offre enfin une visite à Québec, plus de trois ans après s’être imposé comme groupe phare de la nouvelle scène indie canadienne. Histoires de peur avec Brendan Canning.
Quelques jours avant l’entretien, les forces de l’ordre mettaient la main au collet des présumés terroristes de Toronto. Il aurait été bien difficile de ne pas demander à Brendan Canning à quoi ressemblait l’ambiance dans la Ville Reine après ce spectaculaire coup de filet. "C’est assez étrange, laisse-t-il tomber après réflexion. Chaque jour, tu prends le journal et il en est question; la couverture d’aujourd’hui, c’est un jeune en chaise roulante qui porte un t-shirt à l’effigie de Stewie, du dessin animé Family Guy (Les Griffin), disant "Resistance is futile" (la résistance est futile). Tout d’un coup, on nous fait sentir qu’une guerre civile est en cours au pays. Cela va rendre les gens encore plus suspicieux, surtout envers les musulmans… N’en demeure pas moins que c’est bizarre de voir ces personnes amenées au poste de police près d’où j’ai grandi et en cour juste à côté d’où habitent mes grands-parents! C’est fou. Un autre chapitre dans la guerre au terrorisme, je présume…"
Mais rien pour faire plier d’effroi le musicien et ses nombreux acolytes. En fait, évincer les craintes était à la base même de la création, en 1999, de ce super groupe issu de diverses familles musicales, fusionnées au gré du hasard et de la bonne franquette. "Pour moi, c’était le meilleur groupe auquel j’avais jamais participé, avec la meilleure façon d’échanger des idées", répond Canning lorsqu’on lui demande de nous raconter les premiers balbutiements de la troupe. "C’était quelque chose de nouveau, une façon différente de voir les choses. C’était enfin la rencontre de tous ces gens qui partageaient une même vision et qui voulaient chasser la peur de tout ça. Car il ne faut pas avoir peur d’essayer des trucs différents, de prendre des risques et de respecter les idées de chacun… Et plus le temps passait, plus on se rendait compte à quel point notre groupe était spécial. Particulièrement avec la grande quantité de participants; tout d’un coup, on se retrouvait avec 12 personnes sur scène, et l’on sentait que chacune de ces 12 personnes devait absolument être là…"
Aussi magique soit le résultat, gérer autant d’individus peut bien sûr s’avérer ardu, engendrant des alignements à géométrie variable et des séances d’enregistrement que l’on s’imagine délicieusement chaotiques. Après Feel Good Lost, l’époustouflant You Forgot It in People, Bee Hives et le très bon éponyme paru l’automne dernier, bien difficile de prédire quand la bande se commettra à nouveau sur disque. "Tout le monde dans le camp Broken Social Scene est très actif par les temps qui courent, poursuit Brendan. Do Make Say Think (Charles Spearin) termine son album, Amy Millan (Stars) vient de lancer son disque, Apostle Of Hustle (Andrew Whiteman) termine le sien, Kevin Drew enregistre sa musique solo, et je songe à faire de même… Toutes sortes de choses arrivent!" Et d’après une expérience antérieure, tout peut arriver sur scène également. Vous y serez? N’ayez crainte; le seul risque à prendre est celui d’un virulent coup de foudre.
Le lundi 10 juillet à 21h30
Avec Feist en première partie à 19h30
À la Place Metro
Voir calendrier Rock/Pop