Mariachis Luz de Luna : Au clair de la lune
L’ensemble Mariachis Luz de Luna fait le voyage avec ses amis de Calexico pour venir offrir une grande fiesta. Entretien avec le meneur, Ruben Moreno.
Luz de Luna, c’est pour "lumière de lune"; une image décrivant mieux que tout le son mariachi, dont les airs joyeux aux brises mélancoliques virent le jour chez les premiers métis du Mexique, pour la plupart esclaves de riches propriétaires terriens venus d’Espagne. "Ça a été une longue évolution, raconte le jovial Ruben Moreno. Très près historiquement de celle qu’a connue le jazz. C’était l’expression d’âmes opprimées; une version mexicaine du jazz américain…" Moreno, en plus de mener la troupe Mariachis Luz de Luna, enseigne l’art du mariachi chez lui à Tucson, en Arizona. Et sa fibre didactique est très développée. En près de deux heures d’entretien, il nous apprendra tout: l’influence du flamenco et des rythmes africains, l’histoire de chaque instrument (du guitaron, grosse basse acoustique, à la vihuela, petite guitare à cinq cordes), pourquoi furent ajoutés violons et cuivres (on croyait le puissant timbre des trompettes en mesure de compenser la piètre qualité des ondes radio des années 40) et comment les mariachis se retrouvèrent à porter le costume traditionnel des cavaliers (déformation du cinéma hollywoodien). Puis il fut bien sûr question de Calexico.
"J’ai rencontré Joey Burns (guitare, voix) en 1989 et on a tout de suite senti une forte compatibilité, relate-t-il. Ça a été possible grâce à notre exposition préalable à la musique américaine, au rock’n’roll et au top 40", expose-t-il, rappelant la légendaire polyvalence des mariachis, nécessaire à la pleine satisfaction des divers clients. "C’est cette flexibilité qui nous a permis de comprendre ce que Joey voulait faire. On s’est vite adaptés et on a pu lui apporter ce qu’il recherchait…" Est-ce que la chimie et la grande complicité entre Burns et John Convertino (batterie) en font une bulle difficile à pénétrer? "J’aime bien ton idée de bulle, car c’est vraiment le cas, dit Moreno. C’est très spécial de les voir interagir en duo, et il est vrai que bien peu peuvent entrer dans cette bulle, car la communication est très intime entre eux, musicalement. C’est très intéressant, mais aussi très fragile. D’autres peuvent s’y joindre, mais il y a toujours risque de faire éclater la bulle. Sauf qu’en rajoutant assez de savon, les bulles se joignent et se combinent, puis ça peut devenir un grand bain de bulles, illustre-t-il. Et il ne faut surtout pas craindre les éclaboussures!"
Et le versant pop prenant encore plus d’ampleur sur le dernier album, Garden Ruin, ça vous plaît? "Personnellement, j’aime ça. Parce que j’aime explorer, confie-t-il. Joey, je le compare à un chef cuisinier. Et un bon chef, pour moi, ne s’attarde pas à la même recette; il expérimente toujours avec différentes épices, différentes herbes et combinaisons… Même s’il utilise peut-être moins le mariachi et s’en inspire moins ces temps-ci, je sais qu’il reviendra à nous lorsqu’il en aura besoin, car je sais que nous faisons partie de ses motivations originelles et de son inspiration. C’est bien d’essayer de nouvelles directions. C’est nécessaire. Mais tu reviens toujours à tes racines…"
Le 9 juillet à 20h
Avec Calexico
Au Métropolis
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