Holden : En plein coeur
Le groupe français Holden accouchait récemment du splendide Chevrotine, son troisième album. Coup de foudre pour ce rock atmosphérique et sensuel, qu’il vient présenter au Québec.
Pour l’amateur de chanson française, Holden évoque une sensualité tenace grâce à la voix d’Armelle Pioline et un rock planant par le biais de Mocke, le compositeur-guitariste du groupe. Trois albums au compteur. En 1998, l’électrique éclectique de L’arrière-monde, suivi quatre ans plus tard du superbe Pedrolira. Et voici Chevrotine, paru à quelques semaines d’intervalle en France sur Le Village Vert et au Québec chez La Tribu. C’est un CD – comme le précédent – que l’on se prend en plein coeur. Une décharge de frissons. Qui se hisse instantanément dans notre top de fin d’année, incontournable.
"Depuis Pedrolira, Holden, c’est Armelle et moi, raconte Mocke au téléphone. On est un peu le noyau, comme vous dites, mais c’est un vrai groupe. Les trois autres musiciens comptent beaucoup tels qu’ils sont." Vrai que la chimie entre eux est palpable, et que leur musique décolle vers de hautes sphères sophistiquées, elle enveloppe littéralement l’auditeur. On y trouve Evan Evans (clavier), Cristobal Carvajal-Rastello (basse) et Pierre Jean Grappin (batterie).
Le nom du groupe vient du roman L’attrape-coeurs de J. D. Salinger: le narrateur, héros sarcastique, s’appelait Holden: "À l’origine, quand on l’a choisi, ça représentait une envie de liberté, de fugue, et peut-être un attachement à l’adolescence, la révolte, oui. C’est aussi un personnage très poétique, on trouvait que ça collait bien à ce qu’on voulait faire", explique le guitariste qui a beaucoup écouté le jazzman Sun Ra.
"On n’a pas l’impression de rentrer dans le format chanson française, mais qu’on est plutôt un groupe de pop qui chante en français. Les textes sont importants pour nous, mais on a envie que ça participe à l’atmosphère, que ça exprime davantage des sensations plutôt que de raconter une histoire."
Holden a soif de voyages, d’aller voir ailleurs ce qui se trame. Il a enregistré ses deux derniers albums au Chili: "On aime ce pays. On a très vite fait des spectacles là-bas, à la suite de notre premier disque qui y était sorti. On a eu une bonne réception. On travaille avec Señor Coconut (Atom Heart), il vit au Chili. Il y a une bonne cohésion entre nous, on se comprend bien." Coconut a produit et mixé Pedrolira et Chevrotine et sera probablement de la partie pour le prochain CD qui, promet Mocke, ne mettrait pas quatre ans à se faire.
Lorsque l’on sait que chevrotine signifie "une balle de fusil utilisée pour la chasse", on s’étonne qu’Holden coiffe ainsi son album: "C’est un titre assez paradoxal, car c’est un mot assez joli, mais il exprime une réalité un peu violente. On trouvait que ça convenait bien à notre musique: d’une apparence douce, mais qui contient une certaine violence, même si ce n’est pas visible à première vue." Chevrotine, comme une détonation de pop sophistiquée. Ne cause pas la mort, mais un orgasme musical.
Le 14 juillet à 23h30
À L’Impérial de Québec
Le 15 juillet à 18h45
À la Place Métro
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