FINA 2006 : Nuits noires, nuits blanches
Musique

FINA 2006 : Nuits noires, nuits blanches

Le Festival Nuits d’Afrique célèbre cette année son 20e anniversaire. Tour d’horizon de quelques nuits qui s’annoncent endiablées, chaudes et rythmées.

AURÉLIO MARTINEZ

Oui, on a hâte de revoir les bons vieux soñeros bucoliques des montagnes de la Sierra Maestra, et on sait qu’on va se délecter avec les papys fringants de Kinshasa et leur formidable machine à rumba Kékélé. Mais je vous parie n’importe quoi que les véritables révélations du FINA 2006 se feront dans la petite salle du Balattou. S’y succéderont à cinq jours d’intervalle la charmante Portugaise Sara Tavares, avec son cocktail cap-verdien, et le troubadour Aurélio Martinez du Belize, l’ex-Honduras britannique. Car il existe dans cette région quelque peu oubliée d’Amérique centrale, frontalière du Yucatan mexicain, un genre musical répertorié par l’ethnie garifuna sous l’appellation "punta rock" et dont Martinez incarne le penchant le plus cru et le plus lancinant, comme une espèce de blues latin. C’est roots, poignant et caressant en même temps. Au Balattou, le 17 juillet, à 21 h 30.

SENAYA

Senaya

Même si elle fait aujourd’hui carrière dans ce que l’on peut appeler le mainstream à l’échelle locale, voire nationale (étiquette Audiogram, nomination aux Junos, beaux vidéoclips subventionnés par Maxfact et Videofact), Senaya revient au FINA de ses premières amours. Et c’est sans effort et sans détour puisque c’est là qu’elle a débuté, il y a bientôt dix ans, avec le groupe Sunroots, partageant le micro avec la Camerounaise Muna Mingole. Le soul franco-créole qu’elle a échafaudé avec les architectes Wesley Louissaint et Sonny Black pour son premier disque Garde la tête haute ne détonne absolument pas dans le cadre du FINA. Mieux que de l’intégration, c’est un bel exemple de crossover, et le meilleur avec Senaya, c’est que sa sincérité et sa passion de chanter sont toujours intactes. Et puis, c’est fait avec bravoure… Au Lion d’Or, le 17 juillet, à 20 h 30.

PAULO RAMOS

Paulo Ramos

On le savait depuis belle lurette, mais c’est vrai que le Brésilien de Montréal a plus d’un tour dans son sac! Fragil Felcidade (Bonheur fragile), son tout nouvel album, arrive à point nommé pour nous le rappeler et pour enrichir, par la même occasion, le répertoire qu’il va nous présenter dans la série "20 ans". Car ce résident du Plateau est un fidèle du FINA depuis des lustres. En effet, et à force de le voir aussi souvent au programme comme le Sud-Américain par excellence, on a fini par le tenir pour acquis, ce qui peut conduire à sous-estimer son talent. Pourtant, Ramos a son style propre, une élégance bien à lui et un talent d’auteur-compositeur indéniable. Mieux: il est de ceux qui ont vraiment su se trouver une cadence, un son, une mouture qui leur seyent avec une équipe de musiciens dont la chimie n’est plus à démontrer. Au Lion d’Or, le 18 juillet, à 20 h 30.

DAARA J & KULCHA CONNECTION

Daara

Reggae-ragga, soul et funk, mélangés à du rap africain sur un tapis de cadence afro-cubaine? Oui, c’est possible avec les Sénégalais de Daara J, héritiers directs de Youssou N’Dour et de Positive Black Soul! Les échos de leur dernier Boomerang vont nous rebondir en pleine face, et pour ceux qui ne connaissent pas encore, l’extrait Exodus sur la double compilation 20e anniversaire donne un petit aperçu de ce hip-hop percutant et polyglotte franco-wolof qui se mariera sans effort au dancehall du duo québécois Kulcha Connection, en feu lui aussi avec la sortie, il y a deux semaines, d’un nouvel album avec un nouveau tube en puissance au titre très subtil de Dancehallnight (capiche?), qui répète à outrance: "On est là pour s’amuser / Sans cesse, ça fait bouger les fesses". Beau programme double. À La Tulipe, le 20 juillet, à 20 h.

RONALD TULLE ET JEAN-LUC GUANEL

Le konpa d’Haïti et le zouk des Dom-Tom n’ont aucun secret pour les Martiniquais Ronald Tulle et Jean-Luc Guanel. L’un est un pianiste aguerri et polyvalent, l’autre, un chanteur carrément époustouflant d’aisance dans ce genre dont il maîtrise absolument tous les codes. Ils ont sillonné les Antilles et le monde, et laissé des traces dans une discographie non négligeable : travail avec Jocelyne Béroard et Jean-Philippe Marthély, avec l’incontournable Kassav’, les formations percutantes comme 3 Ka Dyol et l’inoubliable Kwak, sasn oublier Angélique Kidjo et Alan Cavé. Bref, rien à voir avec le doudouisme outrancier de La Compagnie créole, mais la machine à danser, ils sauront la huiler pour carburer en plein air ce samedi. En espérant qu’il fasse beau, ces gars n’ont aucun problème avec le menu du Tabou et du Skah Shah… Place Émilie-Gamelin, le 22 juillet, à 21 h 30.