Abdel Rahman El Bacha : El Bacha en fantaisies
Musique

Abdel Rahman El Bacha : El Bacha en fantaisies

Le pianiste Abdel Rahman El Bacha nous propose un Bouquet de fantaisies, un récital présenté à la Salle Françoys-Bernier du Domaine Forget. Il se joindra au violoniste Régis Pasquier le 29 juillet en ce même lieu. Le coeur à la musique, la tête au  Liban.

D’origine libanaise, natif de Beyrouth, le pianiste Abdel Rahman El Bacha reste au fait d’une actualité troublante lorsqu’il est joint à Paris pour cette entrevue. En contact avec les membres de sa famille au Liban, c’est dans un état d’esprit posé qu’il assiste de l’extérieur à cette nouvelle escalade de violence, les premiers bombardements israéliens sur Beyrouth ayant eu lieu la veille. "On espère le mieux dans tous les cas, on le souhaite", résume-t-il avec courtoisie. Comme quoi on peut s’habituer à tout, même à la guerre.

Aux antipodes de cette réalité, c’est à la fantaisie que notre principal intéressé s’applique en ce moment. Le récital que le pianiste nous offre au Domaine Forget est un programme de prime abord accessible mais qui prend une tout autre signification lorsqu’on y porte un regard attentif. "J’ai construit ce programme pour sortir des sentiers battus, explique El Bacha. D’habitude, nous ne pouvons aborder, à l’intérieur d’un récital, que deux ou trois compositeurs. Pour celui-ci, la variété et la liberté de ces fantaisies nous permettent d’être dans un univers différent et d’aborder des thèmes fascinants."

Au nombre de huit, de Mozart à Balakirev, les compositeurs choisis nous sont présentés par leurs fantaisies respectives, une forme musicale libre qui se distingue de la sonate par une structure éclatée en un seul mouvement. Presque une improvisation libre sur un thème. "Cette musique n’est pas liée à un schéma strict et précis, indique Abdel Rahman El Bacha. Elle apporte aussi une perspective nouvelle pour la compréhension d’une oeuvre. La Fantaisie K. 396 de Mozart, par exemple, est la plus moderne de toutes à mon avis. Une entrée imprévisible et des modulations étranges entre les passages thématiques. À ma grande surprise, c’est la pièce la plus dramatique et la plus profonde."

Pour Abdel Rahman El Bacha, l’étude d’une oeuvre implique la dimension humaine du compositeur. Un passage obligé à ses yeux pour mettre en contexte une musique qui ne se résume point à un simple exercice technique. "Il faut développer des affinités avec le compositeur. Une oeuvre en soi n’est qu’une pierre. Il y a une logique, une raison à tout ça qu’il faut saisir. C’est l’esprit en toute chose qui importe et non le langage musicologique." Une rigueur appliquée tout au long d’une carrière riche de deux intégrales consacrées aux répertoires pour piano de Beethoven et Chopin.

La présence d’Abdel Rahman El Bacha, pour la première fois en solo, sera l’occasion d’entendre son travail de compositeur. "Je compose avec la musique que je connais, avec laquelle j’ai vécu. Il y a une tendance hispanique; la musique espagnole possède beaucoup de points communs avec la musique libanaise. J’explore une expression romantique qui reste néanmoins tonale." El Bacha, donc, sera en compagnie de Chopin, de la Fantaisie op. 28 de Mendelssohn, de Beethoven, des 3 Phantasiestücke op. 111 de Schumann, de Scriabine et de la Fantaisie bétique de Manuel De Falla.

Les 28 et 29 juillet
À la Salle Françoys-Bernier du Domaine Forget
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