DJ Champion : Premier de classe
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DJ Champion : Premier de classe

DJ Champion "shake le booty" des Québécois depuis la sortie de son album Chill’em All. Il sera à Trois-Rivières en compagnie de Betty Bonifassi et des G-Strings. Regard sur un phénomène de party.

Dans le monde de la musique électronique made in Quebec, Champion est dans une classe à part. Succès de foule, succès de vente, il a créé un son hybride entre techno et rock qui fait danser la province de la métropole à la région. En entrevue pour Voir, Champion explique sa recette pour atteindre la plus haute marche du podium.

LA VIE EN 4/4

À la base du succès du projet Champion, il y a sans contredit la musique. La formule est simple: du 4/4, des riffs accrocheurs, des loops qui se répètent à l’infini, une groove à toute épreuve et beaucoup, beaucoup de sex-appeal musical. "Quand j’ai écrit Chill’em All, j’ai choisi une ligne directrice très fermée, explique Maxime Morin, alias DJ Champion. C’était important pour moi de créer un langage et de le conserver tout au long de l’album. Je crois beaucoup à l’importance d’établir un concept musical et de le pousser jusqu’à ses dernières limites."

Il faut dire que Maxime Morin a été formé à la bonne école. Il apprend les rouages du métier en tant que compositeur de musique pour des pubs et comme DJ. Sa longue collaboration avec Ben Charest (Les Triplettes de Belleville) dans le monde de la publicité lui a été extrêmement profitable. "Faire de la musique de pub te force à penser et à réfléchir la mélodie en termes d’images. T’as une image dans la tête et il faut que t’essaies de la reproduire en musique. Ça t’oblige à entendre les mélodies comme des couleurs, comme des saveurs… Le tout, c’est de savoir transformer les émotions en partitions."

Parallèlement à son travail de compositeur, son expérience de DJ (sous le pseudo Mad Max) lui a appris comment séduire une foule: "T’es à moitié performeur quand t’es DJ. T’as pas les doigts sur un instrument. Tu proposes un agencement de musique pour la crowd. Ça te force à être à l’écoute. Ça t’apprend à pas te masturber devant le monde avec ton instrument! Le DJing est la meilleure école quand vient le temps d’apprendre le pacing pour faire lever un show."

LIVE ACT

Parlant de pacing, c’est en performance live que l’aventure Champion prend tout son sens. Accompagné de son équipe de choc composée des G-String et de Betty Bonifassi, Champion règle la soirée au quart de tour. Véritable chef d’orchestre, il organise la musique et envoie les séquences rythmiques contenues dans ses laptops. "Il y a une grande part d’improvisation dans ce qu’on fait. Les structures sont déjà là. Les G-Strings et Betty savent ce qu’ils vont jouer, mais ils ne savent pas comment ni quand." Un peu comme un coach du troisième but au baseball (incidemment, Champion se tient souvent côté jardin…), il dispose d’une trentaine de signaux pour enligner les modulations des pièces. "Dans une toune X, chaque guitariste connaît sa part. Par exemple, j’indique par signe au guitariste trois quel riff enchaîner et à quel volume. Il y a des signes pour chaque intention dans la musique."

Champion se défend pourtant de vouloir tout contrôler sur scène. "J’hésite tout le temps à parler de contrôle. Il y a un gars qui m’a demandé si j’aimais mieux être sur le stage ou dans la crowd. Je suis un peu entre les deux. Je suis spectateur de mes musiciens et spectateur de mon public. C’est vrai que je suis "initiateur". Je suis peut-être l’étincelle, mais j’aime me laisser enivrer par ce qui se passe. C’est donnant-donnant! Au fond, c’est un jeu de yin et de yang… Il faut être à la fois réceptif et convaincu de donner. Sensible, mais décidé. Il faut sentir la foule et réagir avec elle. Tu peux pas seulement attendre que le public tripe, parce que tu peux attendre longtemps!"

Champion est d’ailleurs passé maître dans l’art de faire lever une foule. Il sait quand baisser tempo et volume pour faire monter le désir. Il sent aussi quand c’est le temps de tout défoncer pour faire sauter le public avec lui. "Un show, comme un album, c’est un langage que tu établis avec les gens. C’est exactement comme faire l’amour. Quand tu rencontres une fille pour la première fois, tu commences tranquillement, tu t’apprivoises. Tu ramènes ça à l’émotion. C’est un peu comme un voyage: on veut se prendre et aller quelque part ensemble… Peut-être qu’après deux heures avec elle à faire l’amour tu vas la swinguer plus raide, mais pas après le premier cinq minutes! C’est pareil pour un show!"

La présence des musiciens sur scène permet aussi de sortir de la routine des shows de laptops. "S’il y a à se passer quelque chose entre la foule et les musiciens, l’improvisation assure que ça se passe. Le show ne peut se faire sur le cruise control, d’aucune façon. Il n’y a pas de safety net, pas de barrière pour nous empêcher de tomber. Ça crée une fébrilité sur scène qui se communique à la salle." Pour illustrer sa philosophie de la performance, Champion joue même du syllogisme: "L’erreur est humaine, si tu veux rendre ça humain, mets de l’erreur…"

Le 6 août à 20h
Sur la rue Badeaux (en face de L’Embuscade)
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