Festival international des rythmes du monde : Un air planétaire
Le Festival international des rythmes du monde est à nos portes, et sur le même seuil, des milliers de touristes partageant le même besoin de se rassembler.
Pas besoin d’être né dans la métropole pour avoir le coeur qui bat au rythme du monde. Il y a de quoi se sentir profondément humain avec la programmation du Festival international des rythmes du monde (FIRM). Avec 15 pays représentés, des artistes débarqués tout droit de l’Europe, de l’Afrique et des Amériques, ceux qui fouleront la Racine entre le 2 et le 6 août auront de quoi se sentir véritablement citoyens du monde. À Saguenay, l’être humain se fête sur un air planétaire, alors que le centre-ville devient plutôt le centre du monde, chacun donnant sa propre couleur à cette grouillante mosaïque culturelle.
Si d’autres festivals de musique du monde, ailleurs au Québec, se veulent internationaux, peu sont ceux qui font vraiment venir des musiciens de l’étranger, préférant souvent des artistes locaux dont le travail a une tonalité internationale. Robert Hakim, directeur général du Festival, qui depuis le début bat la mesure de cet événement démesuré, cherche à éviter ce subterfuge dont les festivaliers auraient tôt fait de prendre conscience. Pas question, pourtant, de renier la place du Québec dans le monde, d’où la présence de Luck Mervil et de DobaCaracol, sur la Scène Desjardins le 5 août, et celle de Polémil Bazar, qui sera accompagné lors du spectacle de clôture par l’Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Par contre, il demeure essentiel à la fois d’inviter des artistes de l’étranger et de susciter la participation des nouveaux immigrants qui colorent le paysage social de la région. "On lance des appels à tous, explique le directeur général. On fait nous-mêmes de la recherche, par exemple sur Internet, pour voir quels types de musique peuvent nous intéresser. On est aussi perpétuellement en contact avec le Festival Nuits d’Afrique, avec les FrancoFolies, le Festival de jazz, etc."
"On a une quinzaine de pays qui sont représentés. Pour les Amazones de Guinée, il a fallu remplir les papiers de l’ambassade du Canada, et de leur propre ambassade… On n’a tout simplement pas le choix, il faut le faire. On est aussi en contact avec à peu près tous les intervenants multiculturels de la région. On parle à tout ce monde-là, et tout ce monde-là participe, d’une manière ou d’une autre, que ce soit au défilé, dans les kiosques… Il y a de "vrais Africains" qui sont venus à l’université ici… Alors on leur offre des kiosques pour qu’ils montrent ce qu’ils font, qu’ils nous parlent de leur culture…"
INCOMPARABLE
Le Festival international des rythmes du monde, qui en est à sa quatrième édition, s’est développé à une vitesse fulgurante. Rien à voir avec les autres festivals qui se prétendent internationaux. Selon Hakim: "La première année, c’était plus une fête foraine. Nous avons la meilleure progression qui soit pour un festival au Québec. Ça, on le sait parce qu’on a commandé un sondage, l’année dernière, à la firme CFM Stratégies." Cette étude, qui a été financée à parts égales par Promotion Saguenay et le bureau de la ministre du Tourisme, madame Françoise Gauthier, donne une bonne idée des retombées économiques directement liées à l’événement, évaluées à un peu moins de 1,8 million de dollars. "Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est la même firme qui sonde tous les festivals du Québec. C’est la même compagnie qui les fait tous, et tous de la même manière. Comme ça, tu compares des pommes avec des pommes. Pour nous autres, c’était important, parce que notre objectif, c’est de joindre le R.É.M.I., le Regroupement des événements majeurs internationaux."
S’ANNONCER À L’ÉTRANGER
Le R.É.M.I. est une organisation dont l’objectif principal est de demander des fonds auprès des deux paliers de gouvernement afin d’ouvrir une fenêtre mondiale sur les 23 différents événements qui en sont actuellement membres. S’il réussissait à se joindre à ce regroupement, le Festival international des rythmes du monde aurait la même visibilité à l’étranger que d’autres événements très connus, tels que les FrancoFolies de Montréal, l’International des feux Loto-Québec, le Grand Prix du Canada, le Festival d’été de Québec, le Festival Juste pour rire, etc.
Même si le FIRM se développe à un rythme effréné, il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour les organisateurs. Pour être accepté parmi les membres du R.É.M.I., il faut atteindre un budget de 1 million de dollars, et accueillir au moins 200 000 visiteurs au cours de deux années consécutives, dont 15 % de touristes. Pour l’édition de l’été 2005, le budget du Festival était d’environ 600 000 dollars – comparativement à 117 000 dollars la première année -, et on calcule l’achalandage à environ 124 500 personnes pour toute la durée de l’événement. Le FIRM est donc à un point tournant, et les décisions qui seront prises dans les prochaines années auront une incidence directe sur son avenir. Robert Hakim, optimiste devant les résultats obtenus jusqu’ici, a bon espoir de voir son événement joindre les rangs du R.É.M.I. avant 2010.
L’un des plus grands défis des organisateurs du Festival demeure celui du financement. Il sera important, dans les prochaines années, d’augmenter les revenus autonomes, c’est-à-dire ceux qui ne proviennent ni du gouvernement ni du secteur privé. "Proportionnellement parlant, on est dans la moyenne du R.É.M.I. Mais plus tu grossis, plus ça devient important. Le signal que ça nous envoie, c’est qu’il faut baisser le taux de nos fonds publics, augmenter celui de nos revenus autonomes et un peu celui de nos fonds privés. Pour ce qui est des revenus autonomes, les données sont faussées parce que les événements du R.É.M.I. sont des événements payants." Il faudra donc être très ingénieux pour y arriver sans exiger un prix d’entrée. La première tentative des organisateurs est la vente d’un oeuf-maracas, disponible chez Archambault et Corneau-Cantin, au prix de cinq dollars. Une bonne façon de participer à la fois au festival, en jouant ses propres rythmes, et à son développement futur.
Pas question de faire de changements importants à court terme. La recette sera la même que l’année dernière. "Pour l’instant, on garde ça comme ça. On ne brisera pas le puzzle, mais c’est sûr que ça va aller sur 10 jours, ça ne peut pas faire autrement." Selon la formule actuelle, une personne qui veut être de la fête manque nécessairement au moins la moitié des spectacles puisqu’ils sont en simultanéité sur les deux scènes principales du Festival. L’idée germe lentement d’étaler l’événement sur une période plus grande, quitte à demander à certains artistes de faire plus d’une prestation. Voilà une belle preuve du succès de l’entreprise, qui doit gérer sa croissance plutôt que des déficits, comme c’est souvent le cas pour les festivals. "J’ai un beau rôle, actuellement… Ce n’est plus une fête de quartier… Ça commence à ressembler à un événement. Ça n’a pas de prix!" déclare Hakim.
FOULTITUDE
Si mère Nature est aussi avenante que lors des précédentes éditions, le Festival devrait donc faire écho aux succès des années dernières. Avec kiosques et fête foraine le jour, l’événement est très familial, alors que jongleurs, magiciens et acrobates donnent un air de cirque à la rue Racine… Et le soir, des spectacles endiablés font s’effondrer une à une les frontières.
Surtout, le FIRM, ce sera encore une fois le rendez-vous de dizaines de milliers de personnes qui martèleront le bitume du talon, une proximité qui sera le pendant de cette distance qui sépare malheureusement les cultures tout au long de l’année.
Le grand public commence à peine à s’intéresser aux musiques du monde. Les artistes de ce créneau, qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs, ont souvent l’habitude de se produire devant de petites salles. Ils se bousculent maintenant pour faire partie de la programmation du FIRM; une manne artistique qui se traduira sur scène par une diversité impressionnante.
Donnant en exemple la programmation de l’année dernière, Hakim parle avec fierté des succès incomparables qui font de ce festival une référence: "Lynda Thalie, par exemple. Elle était habituée de jouer devant 300, 400 personnes. Dans certains festivals multiethniques, il n’y a pas plus de 800 ou 1000 spectateurs… Lorsqu’elle est arrivée ici, il y en avait 12 000 qui dansaient! Même chose pour Marco Calliari…"
Entrerez-vous dans la danse? Pour vous donner le goût, visitez le www.rythmesdumonde.com.
Du 2 au 6 août
Rue Racine
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