Pentaèdre : Éclaircissement à vent
Le quintette à vent montréalais Pentaèdre est à l’image de son nom: c’est un polyèdre à cinq fronts dynamiques et solides. À l’occasion de sa deuxième visite au FIMCO, rencontre avec son directeur artistique et hautboïste, Normand Forget.
D’emblée, le hautboïste Normand Forget, qui fondait Pentaèdre avec quatre comparses – Danièle Bourget (flûte), Martin Carpentier (clarinette), Louis-Philippe Marsolais (cor) et Mathieu Lussier (basson) – il y a de cela 20 ans, avoue sa passion pour ce festival: "C’est une formule extraordinaire pour les mélomanes. La musique de chambre est en quelque sorte l’enfant pauvre de la musique… Et pour ceux qui en font, il faut vraiment être un peu dérangé pour persister pendant toutes ces années malgré les conditions – financières, économiques, gouvernementales etc. – que l’on connaît", ricane-t-il. "Mais en même temps, le public aime la musique de chambre, c’est qu’elle est si vivante…", renchérit le loquace musicien. "Sur disque, on perd ce dialogue. Ce regard, cette façon de déposer la phrase, de donner au suivant, ou ces grands mouvements de groupe…"
Chaque année, Pentaèdre présente une série montréalaise de trois concerts à la Salle Pierre-Mercure, en plus d’être en résidence à l’UQAM depuis 2004, se consacrant à un répertoire de musique de chambre varié et souvent moins connu. "La difficulté du quintette à vent, c’est qu’on a cinq instruments de familles différentes et qui ont des caractéristiques distinctes. Donc, pour nous, créer un son qui devient non pas cinq instrumentistes qui jouent ensemble, mais une sonorité de quintette à vent, ça a été, et c’est toujours, notre premier grand défi", note celui dont l’ensemble a deux disques à son actif, dont Airs anciens, paru en 2002.
Contrairement à ce que le programme annonçait, Pentaèdre n’interprétera pas le Quintette pour piano et vents de Mozart au FIMCO, la pianiste Naida Cole ayant annulé tous ses engagements. Ils consacreront donc leur concert à un arrangement en 22 extraits du Cosi fan tutte du même compositeur, dans une version… muette! Ce spectacle qui sera présenté à l’automne à l’Espace libre à Montréal a été créé avec la collaboration de la compagnie Omnibus, dont cinq mimes personnifient à leur façon le récit, dans une mise en scène de Jean Asselin. Mais cette fois, les instrumentistes seront seuls avec la musique, en une version inusitée de cet opéra de Mozart. "On aime bien brasser un peu tous ces amateurs de musique aux yeux pétillants… Leur donner l’occasion de ne pas seulement écouter des choses qu’ils aiment, mais de les réécouter pour la première fois. Cosi fan tutte, c’est très connu, mais pas avec un quintette à vent", note le chambriste.
"Notre travail est teinté de ce que l’on a fait avec les mimes, ça amène donc une autre proposition. Cela dit, le travail qu’on a fait avec eux nous a permis d’éclaircir le discours. Ça, c’est un autre de mes dadas en musique: avoir un discours clair, ce qui amène les gens à s’abandonner. Ainsi, notre mandat, avec le langage structuré de Mozart, c’est de rendre ses phrases, ses pauses, tout le drame qu’il y a dans la musique les plus limpides possible. Et ça, ça fait partie de notre plaisir à nous."
Pentaèdre offrira un concert jeunesse, Les Vents, le 4 août à 18h. "Ça va être de découvrir les vents comme vous ne les entendrez pas souvent. Les gens vont mieux comprendre comment fonctionne un quintette à vent. C’est un bon préambule au concert de 20h." Normand Forget participera également au concert du midi Sonates en trio de Bach, avec l’accordéoniste Joseph Petric, le 2 août.
Le 4 août à 20h
Au Pavillon Tabaret