Ray Lamontagne : Soleil noir
Musique

Ray Lamontagne : Soleil noir

Ray Lamontagne est en ville pour présenter son nouvel album. Folk riche, mélodies enveloppantes, voix taillée pour la soul, timidité maladive… On est bien en présence du chanteur américain.

La dernière fois qu’on avait eu Ray Lamontagne au bout du fil, c’était il y a un peu moins de deux ans, au moment où Trouble – son premier effort aujourd’hui écoulé à 250 000 exemplaires – commençait à récolter un sérieux succès d’estime. L’ancien employé d’une manufacture de souliers qui, un beau jour, à l’écoute de Tree Top Flyer de Stephen Stills, ressentit un appel très vif pour la musique présentait son folk enveloppant, si vaporeux. On avait craqué pour cette voix pleine, légèrement ébréchée, faite pour la soul et qui peut évoquer celle d’Otis Redding sans jamais trahir son âge – celui du Christ. Encore aujourd’hui, ses chansons-baumes aux mélodies prenantes (tout particulièrement Trouble et Shelter) nous accompagnent et nous rassurent.

Lors de ce premier entretien à l’automne 2004, Lamontagne nous avait alors mis en garde: "Je suis quelqu’un de renfermé, de sévèrement introverti." On avait d’ailleurs pu le constater lors du Festival International de Jazz de Montréal à l’été 2005. L’Américain tourmenté ressemblait à un Jésus-Christ effarouché, à un type qui souhaite être n’importe où sauf sur une scène, presque à un martyr. Réchappé par ses chansons.

À la question "Qu’est-ce que la musique vous permet de communiquer?", il répond sans hésiter: "La musique me permet de communiquer. Et c’est déjà beaucoup. Je ne parle que très peu aux autres, si ce n’est pour jaser du temps qu’il fait. Chanter est une façon pour moi d’entrer en contact avec l’extérieur en sautant par-dessus tout ce qui n’est pas essentiel."

Pour la troisième fois en moins de deux ans, Ray Lamontagne sera de passage à Montréal. Souvent sur la route depuis la parution de son premier effort, il continue d’apprivoiser la scène. "Pour moi, composer des chansons et performer, ce sont deux choses complètement différentes. Écrire est un truc privé, personnel, tandis que faire un concert, c’est l’inverse. Être le centre de l’attention me met mal à l’aise, ce n’est tout simplement pas dans ma nature. Je préfère les endroits calmes, circuler seul en moto à flanc de montagne. Mais entrer en relation avec les autres fait partie de l’expérience de vivre. Et en ce sens, faire de la musique m’amène à me dépasser."

Le nouveau disque sera en magasin vers la fin août. Très joliment intitulé Till the Sun Turns Black, il surprend d’abord par la richesse des arrangements, ses cordes caressantes, des cuivres ici et là. Visiblement, le chanteur originaire du Maine – dont les goûts musicaux vont d’Iron & Wine jusqu’aux Black Keys – a déjà évolué musicalement. Mélodies poignantes, textes à vif, propos assez sombres livrés avec une douceur étonnante: heureusement, les points forts demeurent. Joint dans un hôtel new-yorkais, visiblement assommé par une journée de promo étourdissante, Lamontagne tente de présenter ce disque très personnel. C’est laborieux. La voix étranglée, comme s’il essayait de retenir un secret, il nous dira ceci: "C’est difficile pour moi d’en parler. Quelques-unes de ces chansons ont été écrites durant des périodes très noires de ma vie, que j’essayais tant bien que mal de traverser. La musique m’apporte un certain soulagement, ne serait-ce que parce que je sais que j’ai trouvé ma voie."

Ray Lamontagne
Till the Sun Turns Black
RCA / Sony BMG
En magasin le 29 août

Le 15 août
Avec Adrienne Pierce
Au National
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