They Shoot Horses Don’t They? : Question de tripes
Avec They Shoot Horses Don’t They?, on découvre une délirante fanfare cherchant à instaurer avec son public une communion à l’échelle des entrailles. On cause viscères avec l’indicible meneur, Nut Brown.
Primale, tribale, chaotique et déjantée sont autant d’épithètes venant à l’esprit pour décrire la musique de l’inclassable sextet de Vancouver They Shoot Horses Don’t They?. Certains collègues anglophones ont avancé les termes "circus-punk", "polka-core", "trash-march" ou "brassy-noise". Toutes des expressions valables. Mais laissons plutôt le guitariste, chanteur et grand manitou Nut Brown nous raconter la genèse du groupe et les objectifs poursuivis. "Faire de l’art, idéalement, résume-t-il alors que s’ébranle la caravane de tournée à destination de la côte ouest américaine. Ayant décroché au collégial – "je n’ai jamais rien appris!" -, Brown s’est fait les dents au sein d’une troupe de musique folk itinérante avant de se lier d’amitié avec ses futurs compères à l’école d’art. "Les critères d’embauche étaient essentiellement d’être des gens intéressants, poursuit-il. Je ne souhaitais pas dénicher des musiciens comme tels; je recherchais plutôt des gens créatifs."
C’est ainsi que se joindront à lui Julia (batterie), Robb (basse), Chris (claviers), Ryan (saxophone) et Pietro (trombone). "Nous improvisions beaucoup au départ, et je dirais que c’est ce qui a mené à l’aspect plus noisy du groupe, raconte Brown. L’instrumentation s’est développée un peu plus tard, mais on désirait surtout ne pas avoir qu’une meute de guitares comme tous les autres groupes." On le devine bien, l’enregistrement de l’album Boo Hoo Hoo Boo (Kill Rock Stars) ne s’est pas non plus déroulé de manière tout à fait conventionnelle. "Ils ont été chouettes avec nous, reconnaît Brown, nous permettant de nous amuser et d’expérimenter avec les différentes sonorités qu’on pouvait extraire des instruments; on avait un studio destiné à la destruction de microphones, à faire le plus de tapage possible. Et quand ça fonctionnait, on enregistrait. On avait déjà nos chansons, mais on a tenté de les réinventer, de réfléchir à chacune des parties et aux sonorités qu’on désirait, pour donner à chaque son une personnalité ou un caractère, comme un animal."
Surprendre l’auditoire est certes agréable pour Nut Brown et ses potes, mais établir un échange avec lui demeure le but ultime. "On essaie de prendre des chemins différents pour communiquer quelque chose de puissant. Car on ne veut pas tout épeler d’avance pour les gens, leur donner tout cuit dans la bouche. Ce que l’on cherche à communiquer, c’est plutôt des sensations, des couleurs, des vibrations; surtout pas des mots trop explicites. Alors le niveau de communication se situerait plus au niveau des tripes." D’après les extraits de concerts visualisés, un estomac solide serait effectivement de mise. "Tout est une question d’énergie sur scène; essayer de libérer une énergie dans la pièce, illustre Brown. On commence par nous-mêmes, par nous mettre dans une sorte d’état de frénésie, puis il y a toujours l’espoir que l’auditoire s’y joigne et participe de quelconque façon, pour que se produise quelque chose de différent."
Le 24 août
À l’Arlequin, avec Telefauna
Voir calendrier Rock/Pop