Sébastien Lafleur : Aquanaute
Ancien Jet Sex, Sébastien Lafleur se trempe maintenant les pieds dans son bain musical en solo. C’est au début de l’été qu’il a lancé sa première bulle, L’Album mouillé, enregistré dans sa propre toilette!
Sur L’Album mouillé, tout tourne autour du thème de l’humidité, que ce soit au sens propre ou au figuré. Les prises de son dans les water-closet, les cliquetis de laveuse, les textes empreints d’érotisme et le visuel bleuté du disque appuient le concept, pourtant né de manière accidentelle.
"Au début, il n’y avait pas vraiment de concept. J’ai commencé à enregistrer dans la salle de bains parce que c’était le seul endroit de la maison où il y avait le silence. […] Je ne sais pas, mais peut-être qu’il y a une relation qui s’est créée avec l’endroit et que les thèmes ont pu changer. À force d’enregistrer dans la salle de bains, le concept s’est développé autour de l’humidité et de l’impudeur. Sans doute parce que j’aime ça chanter mes chansons comme si je te les chuchotais dans le creux de l’oreille…" explique Sébastien Lafleur d’un ton coquin.
Sensible aux bruits et mu par un désir de distiller la musicalité dans la sonorité, le pasticheur craque pour tout ce qui produit du rythme, d’où un "solo" de son inséparable Hedwigg sur Glucosamine, pièce d’ouverture de l’enregistrement. "Je n’avais pas le choix de le mettre dans le concept et sur la pochette de l’album ainsi que de le remercier dans les salutations et de mettre un peu de son cri sur l’album. Il a tellement fait partie de ma vie pendant l’enregistrement." Il poursuit: "Je suis constamment hypnotisé par les sons autour de moi. J’enregistre toutes sortes d’affaires: la cafetière, la laveuse, l’oiseau… Je me suis déjà promené avec le minidisque de ma chum dans l’usine dans laquelle je travaillais pour enregistrer la machinerie."
Les chansons de Lafleur, un brin givrées, évoquent un imaginaire déroutant, où les fils de la réalité sont visiblement décousus: "Sens mon d’sous de bras/Ça sent la paperasse/Sens les courants/Des virgules sur la chair" (Sangsues). Mais l’auteur-compositeur-interprète insiste pour dire qu’il ne laisse rien dans les mains du hasard. Son objectif est de placer l’auditeur en déséquilibre pour lui faire vivre le maximum d’émotions nouvelles. "Si je finis un texte et que je me rends compte qu’il n’a pas assez de sens, je le laisse tomber. Il faut qu’il y ait une, deux ou trois grandes idées dedans." L’Irakien moyen, pièce qui humanise Saddam Hussein, serait selon lui son texte le plus achevé à ce jour. "C’est une idée qui n’a pas de bon sens… Saddam Hussein qui aurait pu chanter une chanson comme J’aurais voulu être un artiste ou faire quelque chose d’autre de sa vie. Je ris un peu du regard des gens, qui écoutent les nouvelles un peu comme un show. […] Dans le fond, c’est un tortionnaire, Saddam Hussein. J’ai voulu que les gens se sentent mal d’être touchés. J’aime ça que les gens se sentent en contradiction avec leurs propres émotions et leurs valeurs. Dans notre société, aujourd’hui, on est toujours confrontés à des trucs de valeurs. Dans notre vie de tous les jours, est-ce qu’on fait toujours des choses qui sont en accord avec nos valeurs? Je pense que non. Et j’aime un peu mettre ça dans la face des gens", conclut le coloré personnage.
Le 18 août à 20h (Avec Navet Confit)
Au Café Foin Fou
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