Junior Boys : Incurables romantiques
Le duo ontarien Junior Boys n’est pas un boys band ordinaire. Il vient de faire paraître un deuxième album toujours polarisé par la pop rêveuse, mais plus tempéré et raffiné que son prédécesseur. Petite discussion avec le très classieux chanteur.
Porté aux nues par la critique et salué par le public amateur de pop électronifiée, le premier opus des Junior Boys (Last Exit), fut l’une des plus agréables surprises de l’année 2004 sur la planète électro. Avec son alliage d’ambiances cotonneuses et la voix de crooner murmurante, vulnérable et léthargique de Jeremy Greenspan, le tandem (complété par l’ingénieur du son Matthew Didemus) apportait un vent de fraîcheur appréciable et un peu de classe à l’électro-pop rétro. Fans des eighties, les potes? "Absolument. Ce que j’aime particulièrement de ces années, c’est qu’une importante quantité de musique étrange s’est frayé un chemin jusqu’au sommet des palmarès. On semblait accepter l’aspect expérimental dans la musique pop. Hélas, la liberté d’explorer n’est plus tellement à la mode de nos jours et c’est malheureux", déplore Greenspan.
Gommant l’aspect frénétique de son prédécesseur tout en continuant d’injecter une qualité humaine à la musique synthétique, So This Is Goodbye semble moins obsédé par les BPM mais demeure tout aussi cool et suave, débordant de beats sophistiqués et sexy, de mélodies hypnotiques et de références house. "Pour cet album, l’idée était d’obtenir un son plus spacieux. On a écouté énormément de disco et de vieille musique house au cours des dernières années et on a décidé de produire un son différent, un peu plus sale, en jouant avec des rythmes différents, inhabituels. Je trouve que ça procure à l’album un haut niveau d’électricité", affirme le jeune dandy âgé de 27 ans.
Évoquant la solitude et la désolation, la collection se veut aussi furieusement romantique. C’est alors que Greenspan compose la pièce-titre qu’un concept inusité s’immisce sournoisement dans sa tête. "Ce titre ressemblait à ceux de ces vieux albums que ma mère écoutait lorsque j’étais bambin. À ce moment, j’ai voulu produire une version contemporaine d’un album de crooner des années 50. Pousser l’idée le plus loin possible tout en évitant d’assommer l’auditeur avec une mélancolie oppressante. Il était impératif d’utiliser des mots simples que l’on emploie à tous les jours", précise l’inconditionnel de Steely Dan.
Pièce de résistance de l’opus, When No One Cares du légendaire Ol’ Blue Eyes reçoit un traitement minimaliste qui convient parfaitement à l’esthétique du combo. "Ce que j’adore chez Sinatra, c’est que la plupart de ses chansons sont émotives mais rarement narratives. Elles ne racontent pratiquement jamais d’histoires d’amour détaillées. Cependant, elles décrivent souvent des endroits bien précis, des souvenirs enfouis et même des objets tout en demeurant romantiques. Ça me rejoint car, règle générale, j’écris des chansons en mettant l’accent sur les mêmes aspects."
Après avoir concocté deux albums complets, une flopée de maxis et collaboré avec Morgan Geist, Greenspan prend conscience que sa créativité repose sur une ouverture d’esprit. "Je crois fermement que chaque musicien doit filtrer tous les aspects artistiques qui l’intéressent afin de continuer à produire de manière créative. J’essaie, autant que possible, de créer de la musique pop à laquelle j’incorpore des éléments de tout ce que j’ai écouté au cours de ma vie. Ça ne m’intéresse aucunement de confectionner un disque avec un aspect sonore unidimensionnel. Essentiellement, je veux créer des chansons que tout le monde peut écouter sans se sentir aliéné." Purement pop et fier de l’être!
Le 25 août
À la Sala Rossa
Voir calendrier Électronica