Les Breastfeeders : Chats de ruelle
Musique

Les Breastfeeders : Chats de ruelle

Les Breastfeeders lancent Les Matins de grands soirs et replongent dans la spirale rock infernale. Ils hypothéqueront leur foie, détruiront leur image yé-yé et amèneront même certains à dépoussiérer leur dictionnaire. Rencontre.

L’entrevue a lieu chez Joe, bassiste des Breastfeeders, où le groupe avait rendez-vous pour discuter des Matins de grands soirs, deuxième album attendu du combo rock explosif montréalais. Sur la porte de l’appartement qui a pignon sur la rue Saint-Vallier, une note attend le scribe: "Entre, nous sommes dans la ruelle."

Les Breastfeeders se trouvent bel et bien dans la ruelle. Vêtus de leurs habits de grands soirs, les musiciens posent pour la séance photo d’un compétiteur. Avec ses murs de tôle rouillée, ses portes de clôtures cadenassées et ses bouteilles vides éclatées contre la façade d’un garage, l’environnement colle à l’image brute des Breast, sextuor garage entreprenant chaque concert comme si s’était son dernier, terminant chaque soirée dans un état d’ivresse décadent et assumé.

Les Matins de grands soirs est né de cette énergie survoltée qui anime le groupe sur scène, une frénésie moins perceptible sur leur premier album Déjeuner sur l’herbe (2004). Plus abrasifs dans leur réalisation, des titres comme Viens avec moi et Tout va pour le pire dans le meilleur des mondes laissent poindre toute la rage véhiculée par la voix de Luc Brien qui a gagné en efficacité à force de s’époumoner en spectacle. Même constat pour les compositions plus pop chantées par Suzie (Pas sans saveur et Funny funiculaire, bientôt suivie d’un vidéoclip). Plus profondes et appuyées par la force rythmique de "Freddie Fourteen", elles décapent tout en restant accessibles, mélodiques et sucrées. Les Breastfeeders se renouvellent même au passage avec Septembre sous la pluie, une pièce psychédélique où domine une ligne de cornemuse.

Exit l’esprit rétro naïf yé-yé du dernier effort qui avait convaincu les radios indépendantes québécoises et américaines, amenant le groupe à se produire maintes fois aux États-Unis où le disque sera lancé en 2007. On perçoit toujours une propension pop sixties, mais livrée dans un esprit plus excessif. "Nous ne nous sommes jamais donné le mandat de jouer du rock rétro, soutient le chanteur-guitariste. Je compose ce genre de pièces parce que je suis fasciné par les années 60, mais je ne m’impose pas de barrières. Nous ne sommes pas des puristes qui cherchent à reproduire une époque, mais pour parler en termes sixties, disons que nous sommes passés du yé-yé à la tendance mods; tout en restant contemporains."

Sous ces tonnes de décibels se cachent de petits bijoux de textes signés majoritairement par le tandem Brien / Malador. En fait, depuis leur naissance au début des années 2000, la plupart des médias sont restés collés à l’image noceuse des Breastfeeders, passant sous silence la dimension plus littéraire des textes. "Contrairement à plusieurs, nous n’écrivons pas nos textes pour remplir un vide sur nos musiques, remarque Johnny. C’est dur d’écrire des paroles rock en 2006. Tu ne veux pas faire la morale à personne, mais tu ne veux pas non plus te foutre des merdes qui se passent chaque jour sur Terre."

LES BREASTFEEDERS
LES MATINS DE GRANDS SOIRS
(BLOW THE FUSE / FUSION III)
Le 30 août
Au Maquisart (Avec Call me poupée)
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