Mario Canonge : Pirate des Caraïbes
Enfin! Mario Canonge, le fameux pianiste martiniquais, débarque avec son noyau dur pour sa première visite officielle à Montréal. Avertissement de tempête tropicale… On remet les pendules à l’heure.
Journaliste et homme de radio parisien particulièrement remuant, l’illustre Remy Kolpa Kopoul a baptisé publiquement Mario Canonge "meilleur pianiste français". Et si c’était vrai?
Trop bouillant? Trop doué? Trop polyvalent? Le nom de Canonge tarde à gagner la notoriété méritée. Pourtant, depuis la spectaculaire formation jazz-rock-world Ultramarine en 1985, Super Mario a fait parler la poudre. Il a multiplié les interventions comme sideman à droite comme à gauche, de Michel Jonasz à Beethova Obas. En plus d’enregistrer six albums sous son nom et deux en duo avec Ralph Thamar. Comme si cela ne suffisait pas, il chevauche plusieurs projets jazz à titre de co-leader, comme Chic Hot avec le bassiste camerounais Etienne M’Bappe et Sakésho avec le champion des steel pans Andy Narrell, formation avec laquelle il nous a visités l’an dernier, offrant une performance explosive sur une scène extérieure du FIJM. Son dernier album assez corsé, Rhyzomes, enregistré à New York avec quelques-uns des meilleurs musiciens du coin, dont Richard Bona et Roy Hargrove, marque un progrès certain dans son écriture et dans la recherche de textures nouvelles, toujours ancrées dans l’immense héritage africain des Caraïbes.
"Je ne perds jamais de vue que ma carrière personnelle doit être mise de l’avant, explique-t-il au téléphone depuis la Côte-Est. Mais je m’implique dans des projets par amitié pour les artistes ou par amour du concept. Par exemple, on vient de faire un disque de boléros avec Ralph Thamar. Pour moi, ce qui compte, c’est toujours de faire de la bonne musique.
Ceci dit, je m’aventure de plus en plus en formation réduite, mais ça reste dans ce que je défends: la conception demeure jazz, mais avec une couleur caraïbe dominante. C’est de là que je viens. Il y a un feeling antillais. Nous devons défendre nos couleurs à travers les influences qu’on peut avoir également."
Voilà qui est bien dit! D’ailleurs, ce pirate des Caraïbes, capable de décliner des mazurkas, biguines, konpas, salsas et les nombreuses variantes du jazz latin, peut compter sur le savoir-faire de deux autres corsaires, parmi les meilleurs au monde, pour compléter le triumvirat franco-antillais: Fanfant, le Guyanais qui a joué avec tout le monde en France, de Lavilliers à Julien Clerc, et Alibo, d’origine guadeloupéenne, qui a fait les 400 coups entre la formation multiethnique Sixun et le Malien Salif Keita. "Nous avons fait énormément d’expériences ensemble. Jean-Philippe Fanfant est un batteur brillant! C’est le spécialiste numéro un de tous les rythmes caribéens. Il sait comment monter les rythmes sur une composition ou une improvisation. Archiconnu dans les studios français, il possède une rigueur absolue et un tempo infaillible… Et puis on se connaît depuis tellement longtemps… C’est comme les cinq doigts de la main. Quant à Michel Alibo, à la basse électrique, il est un des musiciens les plus impressionnants que j’aie jamais vus. Il a une technique incroyable. Il a développé un jeu de slapping qui est vraiment le sien et les gens s’inspirent maintenant de lui. De plus, c’est un musicien qui connaît l’harmonie et qui est toujours branché sur tout ce qui se fait. Il a 40 idées à la seconde. Il est comme ça! Je le connais depuis 25 ans…"
Le 25 août
Au Kola Note
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