WD-40 : Portrait

Les bottes plantées sur le fil d’une lame acérée, WD-40 incarnait, avant son décès prématuré, l’idée d’un country-rock brutal carburant aux excès scéniques et langagiers. Chaque spectacle offert avec l’énergie du désespoir, dans un esprit de déchéance punk parfaitement assumé, la poésie de taverne du groupe y trouvait un véhicule brinquebalant, mais parfaitement approprié. Ô miracle, voilà qu’après un long hiatus imputable à des tensions internes menant à la douloureuse dissolution du groupe, Alex Jones et son frangin Jean Loup retraversent l’impitoyable Styx des groupes rock avec St-Panache, un nouvel album réalisé en compagnie de l’aussi prolifique que talentueux Éric Goulet. Dire qu’il s’agit d’un retour attendu relève de l’euphémisme pour tous ceux qui se sont éclatés sur les ballades romantico-trash et les bombes à fragmentation punk-rock de ce groupe qu’une industrie (lire les radios) plutôt frileuse a cependant boudé. Aussi, histoire de montrer que ce passage du côté des morts a permis au groupe de se transfigurer, la bande à Jones a invité nulle autre que Marjo à chanter un duo sur la pièce-titre, elle qui ne connaissait pourtant le groupe ni d’Ève ni d’Adam avant qu’on lui réclame poliment sa collaboration. WD-40 a-t-il pour autant troqué le noir pour le turquoise et les histoires de p’tites culottes pour des métaphores sur les félins sauvages afin de trouver une place sur les ondes FM? Vous le verrez bien assez tôt puisque le groupe sera bientôt de passage au Côté-Cour et son disque, lancé sous peu. Mais si j’étais vous, je ne m’inquiéterais pas trop quand même.