Avenged Sevenfold : Lever le voile
Musique

Avenged Sevenfold : Lever le voile

Les Californiens d’Avenged Sevenfold doivent composer avec de bien mauvaises langues. Soumis à leur compagnie de disques, complètement dépravés et fermement épris de récits bibliques, disent certains. Remise à l’heure des pendules avec le bassiste Johnny Christ.

On lit toutes sortes de choses concernant le quintette métal Avenged Sevenfold. Que cela soit dans la presse spécialisée ou sur les forums de discussion, certains ne mâchent pas leurs mots, notamment en ce qui a trait au soi-disant avachissement sonore des rockeurs. S’éloignant des tendances nu-métal en vogue et de ses racines plus hardcore, le groupe penche plutôt vers la formule classique du genre telle qu’élaborée par Metallica, Iron Maiden ou Guns N’ Roses, insérant d’accrocheuses mélodies pop aux éclairs de guitares et tonnerres de batterie. Et ce, particulièrement sur son plus récent essai City of Evil (Warner, 2005), sur lequel les hurlements font place au timbre pour le moins attendri du chanteur M. Shadows, ayant dû passer sous le bistouri après un séjour sur la route particulièrement égosillant. "Il s’est fait dire qu’il avait des troubles à la gorge et qu’il devait se faire opérer", rapporte le bassiste Johnny Christ, qui n’y voit toutefois pas un facteur ayant dicté les nouvelles directions musicales de la formation. "C’était une décision consciente de se concentrer plus sur le chant que sur les cris, poursuit-il. Il a pris des cours avec le même professeur qu’Axel Rose et Chris Cornell, car il souhaitait s’éloigner des hurlements, essayer quelque chose de différent…"

Plusieurs fans ont toutefois eu peine à saisir une ballade comme Seize the Day, un intermède flamenco-tropical tel celui de The Sidewinder, une chorale d’enfants ou une langoureuse section de cordes sur un album métal. "Nous sommes un groupe en constante évolution, rétorque Johnny. On ne veut surtout pas faire le même disque deux fois. Et quand on est entrés en studio, c’était une direction naturelle à prendre pour nous. Mais je trouve pour ma part que le nouveau disque est plus agressif que Waking the Fallen (2003), même si plusieurs ne sont pas de cet avis. On y trouvait déjà des refrains accrocheurs, comme on en a toujours fait; les groupes qu’on a écoutés et aimés en grandissant avaient tous des bons hooks autour desquels se bâtissait le reste. On ne souhaitait qu’imiter tous ces groupes nous ayant influencés au cours des années, pour leur rendre hommage en quelque sorte…" La compagnie de disques n’y serait donc pour rien, comme le sous-entendent plusieurs? "On est passés chez un major il y a environ trois ans. En fait, ils sont venus vers nous. Nous, on reste le même groupe; on fait ce qu’on aime en conservant notre intégrité. Warner Brothers est seulement une plus grosse machine pouvant nous aider à atteindre les fans qui n’auraient peut-être pas entendu parler de nous autrement…"

Si bien des admirateurs de longue date semblent désemparés, d’autres reconnaissent l’audace et la recherche mises en oeuvre par Johnny, M. Shadows, Zacky Vengeance (guitare), Synyster Gates (guitare) et The Reverend (batterie) pour accoucher de l’album City of Evil, baptisé en l’honneur de villes décadentes telles Amsterdam, Las Vegas ou Los Angeles. "Il y a plusieurs arrangements différents, et les pièces comportent de nombreuses couches instrumentales", expose Johnny quant à la nouvelle approche scénique requise. "Alors ça nous fait plusieurs sections à apprendre, et il faut décider lesquelles de ces parties prendront le dessus et à quel moment. Car on veut essayer de tout jouer autant que possible, mais il nous faudrait probablement un troisième guitariste et un autre chanteur pour arriver à vraiment égaler l’album. Mais je crois qu’on s’en tire bien…" Et les références bibliques jusque dans le nom du groupe (inspiré de l’histoire de Caïn et Abel)? Vous diriez-vous religieux? "Oh non; pas du tout, en fait. C’est plus pour les histoires; c’est amusant de pouvoir prendre ces bonnes vieilles histoires et de les appliquer aujourd’hui…"

D’autres légendes rocambolesques courent sur les musiciens et leur affection profonde pour l’alcool, les substances illicites et les bars d’effeuilleuses. Mais comme en fait foi la séance d’entraînement ayant tout juste précédé l’entretien, les cinq amis d’enfance ne manquent pas de discipline, même lors d’une journée de congé à Saskatoon. "Nous sommes très fiers de notre spectacle. Nous voulons divertir au maximum et il serait clairement impossible de nous brûler la cervelle puis d’aller jouer correctement ces morceaux sur scène. Il faut être en mesure de courir partout puis de vraiment divertir la foule, et c’est ce que nous faisons!"

Le 21 septembre
Au Centre de foires
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