Kid Koala : Maman chérie
L’inventif Kid Koala, virtuose des platines, nous a concocté un nouveau mixtape délirant et non dépourvu d’humour. Rencontre avec le disc-jockey favori des mamans.
Avec son surnom emprunté à une boisson sucrée populaire sur la Côte-Ouest au cours des années 80 (le Koala Spring), Kid Koala s’est imposé, au fil des ans, comme un véritable maître des tables tournantes. Intitulée Your Mom’s Favorite DJ, sa nouvelle parution se veut, en quelque sorte, la suite de son fameux mixtape Scratchcratchratchatch (appelé aussi Scratchhappyland), paru il y a dix ans. "Les mixtapes m’étaient familiers et j’ai voulu pondre quelque chose dans cet esprit. Mon équipement est plus évolué qu’à l’époque, mais pendant toute l’élaboration du disque, je me suis posé cette question: qu’est-ce que je ferais si je n’avais que 30 minutes et trois boîtes de disques à ma disposition? Your Mom’s… est dédié à tous les styles musicaux qui m’intéressent. Du rock à la musique que ma mère écoutait lorsque j’étais gamin", explique le Montréalais d’adoption, visiblement en forme.
Poursuivant son minutieux travail de découpage derrière les platines et agençant des dialogues cinglés à des trames sonores variées afin de produire un kaléidoscope musical défiant toute catégorie, notre petit génie considère que le hasard constitue un élément non négligeable dans le processus créatif. Tout comme lors d’un blind date. "Tous mes albums représentent des personnes à part entière et mon studio se veut le club de rencontre le plus bizarre de tous les temps! Ce que je souhaite, c’est de servir d’entremetteur à des sons qui, autrement, n’auraient aucune chance de cohabiter. Dénicher des extraits sonores délaissés, les jeter dans une grosse marmite et voir s’ils socialisent ou non! Parfois, ça fonctionne et c’est magique, d’autres fois, c’est étrange, mais à vrai dire, j’aime prendre des risques terribles."
Assemblé rapidement, le tape est constitué de matériel amassé au cours des dernières années et prolonge l’exploration de territoires bluesés (amorcée sur Some of My Best Friends Are DJs) tout en préservant l’idéologie koalesque des débuts: un aspect autobiographique. "Je crois que les disc-jockeys sont des êtres timides, et coller des éléments sonores est une façon pour eux de sortir ce qu’ils ont en dedans. À travers cet art particulier, ils tentent de communiquer quelque chose de personnel. Je pourrais écrire un poème et le chanter en jouant quelques accords de guitare mais je suis trop gêné pour ça! Je dois plutôt aller chercher des extraits de disques afin de représenter mon humeur du moment. La plupart des éléments sonores sur mes créations sont là pour une raison bien précise. À chaque fois, je tente de trouver un sens à cette dénaturation, quelque chose qui résonne véritablement", raconte le déterreur d’obscurs vinyles âgé de 31 ans.
Lors du 35e anniversaire de mariage de ses parents, le Kid (Eric San de son véritable nom) a déconstruit Moon River (la chanson préférée de sa mère, interprétée par Audrey Hepburn et entendue dans le film Breakfast at Tiffany’s) pour la toute première fois. Depuis, on entend régulièrement sa version hallucinée à la fin de ses prestations. Maman San, une fan de scratching? "Pas vraiment, même si elle est fière de moi. Depuis la parution du disque, les gens me demandent si je suis vraiment le D.J. préféré de ma mère. En réalité, je suis sans doute le seul qu’elle connaisse! Tout de même, je crois que si tu emmènes ta maman à mon spectacle, tu risques d’avoir une bonne discussion avec elle sur le chemin du retour!"
Lancement-concert le 17 septembre
Avec Ghislain Poirier, Ghostbeard et DJ Luv
Au parc Jean-Drapeau
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