Alexandre Belliard : L’authentique
Alexandre Belliard, quelque 18 mois après le lancement de Piège à con, renoue tranquillement avec le studio. Cette fois, il s’imagine un monde, un personnage qui a coupé les ponts avec le reste de l’humanité.
"Moi, j’aime ça, les tatoos, la boisson… J’ai grandi avec une fascination pour Jim Morrison et Rimbaud, des gens qui ont fait du trouble. Mais, c’est d’abord et avant tout leur travail qui est intéressant. Une saison en enfer, même si c’était un fonctionnaire municipal de la Ville de Longueuil qui avait écrit ça, j’aimerais ça pareil!" Alexandre Belliard ne parle pas la langue de bois. Il habille chacun de ses propos d’une délicate authenticité. Une ligne de conduite qu’il conserve jusque dans ses textes, autant dans la musique que dans leur poésie.
Ce matin-là, l’auteur de Laisse-moi pas tranquille se trouve en tournée de promotion pour un spectacle en solo à la Pierre angulaire. Un autre projet occupe pourtant son esprit. Quelques jours plus tôt, le musicien s’est enfermé dans un studio, où il a enregistré les cinq premières pièces d’un nouvel album. Difficile donc de ne pas aborder le sujet. Belliard, qui ne veut pas vendre la mèche, marche d’abord sur des oeufs: "C’est quasiment un album concept. Il y a une chanson qui m’est venue, qui a été à la fois le père et la mère de tout le reste. Là, j’ai plein d’idées parce que je me suis inventé un personnage, un monde… Ce n’est vraiment pas comme Piège à con, qui a été fait sur une longue période de temps. Ça a été mon premier album. Donc, il y avait des pièces que je traînais depuis des années. À la limite, je leur devais quelque chose: je leur devais d’exister. Je ne pouvais pas les flusher et mettre juste des nouvelles. Donc, il y en a deux ou trois que j’avais gardées. Mais, ça donne des fois une cohésion moins évidente à l’album; ça va dans plein de directions, ça parle de plein d’affaires. Les discours sont un peu mélangés. Tandis que là, il y a un air de famille." Et quel est-il? " C’est sûr que c’est un album qui est une espèce de désillusion de l’être humain, en général, sur la façon dont il se comporte socialement et avec son environnement. J’ai mis au monde un personnage qui décide de se retirer complètement de la société et d’aller faire sa vie à jamais tout seul, dans le fond de l’océan."
C’est avec ce même regard déçu qu’il avait écrit Dieu mort ou vif (Piège à con), qui reflète sa non-croyance en une puissance supérieure. "Je comprends le concept, et c’est excessivement stimulant, mais le problème, c’est que ce n’est pas vrai, s’exclame Belliard. La religion, c’est là pour rendre notre vie meilleure, mais ça fait le contraire. Ça souligne la différence entre les êtres humains. Ça fait des milliers d’années que les gens se battent pour les religions, ça n’a pas d’allure. C’est supposé être une démarche personnelle que tu peux partager avec les autres gens pour t’aider à être en paix avec toi-même. C’est loin d’être ça. Tant qu’à ça, tu es aussi bien de tirer sur la plogue!" Dans le tourbillon de la vie, Alexandre Belliard se rattache à des choses bien tangibles. "On s’accroche à ce qu’on peut. Et dans mon cas, c’est ma famille", signale celui qui sera père pour la deuxième fois en octobre.
Le 23 septembre à 21h
À la Pierre angulaire
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