Kasabian : La dernière cène
Kasabian, qui rapplique avec un nouveau disque, revient mettre l’Amérique sens dessus dessous… ou quelque chose comme ça.
La récréation estivale vient à peine de se terminer que déjà la période d’examen se profile pour l’élève Kasabian. Descendu aux États-Unis la semaine dernière avec un album flambant neuf sous le bras, le combo se prête de nouveau au test de la tournée nord-américaine. Cette fois-ci, les p’tits gars de Leicester affronteront les foules en tant que têtes d’affiche. S’il dit que ses potes et lui sont venus pour apprendre, le bassiste et compositeur Serge Pizzorno aborde cependant l’épreuve avec une indécrottable confiance. "On a l’intention de casser la baraque, lance-t-il. On veut donner un bon show pour les gens qui bossent fort toute la semaine et qui cherchent une façon de se changer les idées, leur procurer un divertissement digne de ce nom, quoi. C’est ça, le rock."
Réputé pour l’intensité de ses performances scéniques, Kasabian semble aborder tout spectacle comme s’il s’agissait de la dernière cène. "La vie est trop courte, il faut en profiter un max, ajoute Pizzorno, paraphrasant Confucius – ou le message d’un biscuit chinois, on ne sait trop. La scène, c’est vraiment là que ça passe, ajoute-t-il. C’est là qu’on peut regarder le public dans le blanc des yeux […]. Nos performances sont pas mal; faut dire qu’on a le meilleur frontman au monde en Tom Meighan, ce qui n’est pas rien…"
Le Tom en question peut compter sur l’aide d’un groupe bien soudé. La formule Kasabian améliorée comporte un batteur de tournée, Ian Matthews, devenu permanent, et un guitariste à l’essai, Jay Mehrer, appelé en renfort pour la durée du voyage. Ce dernier remplace le membre fondateur Chris Karloff. Remercié pour ses services, le monsieur. Un gros morceau, tout de même: avec Pizzorno, Karloff avait signé les musiques du premier disque. "Chris est parti avant que le nouvel album voie le jour, explique le bassiste. La façon la plus simple d’expliquer son départ, ce serait d’y voir comme la fin d’une relation, ou d’un mariage. Au fond, seuls les gens concernés savent vraiment ce qui s’est passé."
Après avoir bien écouté Empire, oeuvre agit-pop incandescente, on conclura que le groupe ne s’en porte pas trop mal. Plus ambitieux, plus abouti que la galette éponyme parue en 2004, l’opus produit par Jim Abbiss (Arctic Monkeys) roule des mécaniques. Les morceaux véloces (Shoot the Runner, Me Plus One et Empire, notamment) sont majoritaires. Quelques titres revendiquent des accents moyen-orientaux: "On a enregistré les cordes à Paris, avec des musiciens algériens issus du milieu du raï, précise Pizzorno." Une rythmique infernale propulse l’affaire avec l’intention avouée de faire danser jusqu’à l’aube.
Le groupe est fier des résultats. "On cherchait à produire un album mémorable, dans la lignée du Definitely Maybe d’Oasis, explique Pizzorno. À notre avis, on y est parvenus. Une telle affirmation peut paraître arrogante, mais c’est qu’on croit vraiment en ces nouvelles chansons", conclut-il. Pareille conviction devrait permettre à Kasabian de subir son examen de rentrée avec succès.
Le 26 septembre
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