L'Assemblée : L'album du peuple
Musique

L’Assemblée : L’album du peuple

Le duo montréalais L’Assemblée semble enfin récolter les fruits de son labeur et envahit les ondes radiophoniques à la suite de la parution d’un deuxième album sous le signe de la diversité. Rencontre.

Il n’y a pas à dire, depuis la formation du groupe en 1998, bien des choses ont changé. Devenus duo après le départ inopiné de Son-G, Ironik et Narkoi débarquèrent l’hiver dernier avec le deuxième album officiel de L’Assemblée, Les Gars du peuple. Fièrement organique et constellé de featurings étonnants, tels que ceux de Ruffneck, le 3e OEil, Sans Pression, PeeZee et l’humoriste Mike Ward, l’opus prolongeait l’aspect mélodique des disques solos des jeunes MC. "Sur nos parutions précédentes, l’ambiance était plus intime. On avait envie d’essayer différentes choses, de se payer un trip mélodique avec plusieurs producteurs et du monde avec qui on voulait bosser. Tous ces gens faisaient avancer les choses avec une bonne dose de positivité. On a travaillé dix fois plus fort pour réaliser cet album. Aucune chanson n’a été produite en deux jours", précise Maxime Truman, alias Ironik.

Faisant preuve d’un professionnalisme remarquable, la bande n’a rien laissé au hasard pour la parution de cette galette: joli site web, solide équipe de relations de presse, clips léchés. Misant sur des angles rock plus prononcés (gracieuseté, entre autres, d’eXterio sur Entre deux), l’album se veut l’oeuvre d’un groupe authentique qui ne craint pas d’afficher ses couleurs. "À nos débuts, on rappait sur les beats des autres et on voulait changer le monde. Aujourd’hui, on est devenus plus matures. On souhaitait s’éloigner des balises du hip-hop "normal". J’écoutais énormément Jack Johnson lorsque j’échafaudais l’album et j’ai été influencé par une multitude d’autres choses. En vieillissant, j’ai appris à élargir mes horizons musicaux. Cet album, on désirait qu’il soit éclectique afin de tester nos limites et peut-être de devenir plus accessibles", explique le fondateur de la boîte Iro Productions.

Accessible, le groupe l’est devenu. Flirtant depuis quelques semaines avec le palmarès des grandes radios grâce au titre reggae-dancehall Turn Your Head Around, le tandem s’est mérité une nomination au prochain gala de l’ADISQ (album hip-hop de l’année) et même une participation à La Fureur. Pour les deux fidèles comparses, c’était tout ou rien. "C’est clair qu’on a misé gros sur cet album. Au début, on créait des morceaux pour crier nos souffrances et les injustices de ce bas monde. Être entendus par 400 personnes, ce n’était pas satisfaisant. On voulait rejoindre le plus de gens possible. Cependant, si on avait décidé de produire un disque strictement pour plaire aux radios commerciales, on se serait joliment pété la gueule, car on ne diffuse pratiquement pas de hip-hop, surtout local. Cet album, on l’a fait pour nous", précise le détenteur d’un baccalauréat en finance.

Souhaitant profiter de son escale européenne au mois de novembre pour fignoler la suite des Gars du peuple (on nous promet une oeuvre plus introspective et unie), le tandem continuera, entre-temps, à propager son discours rassembleur aux quatre coins de la province tout en traitant de la situation du rap au Québec avec des titres tels que Pourquoi? "Il y a quelques années, ceux qui prenaient des décisions ne connaissaient pas le rap ou la business et des choix douteux furent pris. On est en train de solidifier les bases du hip-hop pour les années à venir. Malgré le téléchargement, qui est une réalité dégueulasse faisant terriblement mal à l’industrie, l’univers hip-hop local deviendra de mieux en mieux organisé. Vous allez voir." Des paroles qui font l’effet d’un baume.

Le 23 septembre
Avec Papaz, Grand Marquis & NSC, NulSiDécouvert et Les Robots de la Rime
Au Club Soda
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