La Journée internationale de la musique : Wondeur Woman
Musique

La Journée internationale de la musique : Wondeur Woman

La Journée internationale de la musique a lieu le 1er octobre et, comme chaque année, suivant la sympathique initiative du Conseil québécois de la musique, Voir adopte une musicienne. Rencontre avec Diane Labrosse.

De la fanfare féministe Wondeur Brass, au début des années 80, jusqu’aux improvisations du duo bruitiste Parasites, avec le platiniste Martin Tétreault, en passant par la conception d’installations sonores ou la composition de musiques pour la danse, le théâtre ou pour de grands ensembles instrumentaux, l’univers musical de Diane Labrosse est sans cesse en expansion. Une exploration éclatée qui a débuté bien simplement: "J’ai pris des cours de piano quand j’étais jeune, mais pas très longtemps; j’étais très impressionnée par l’instrument, mais je n’étais pas destinée à une grande carrière de pianiste de concert. Dès le début – et ça contrariait ma prof de piano -, j’aimais inventer, composer des choses, et c’est peut-être pourquoi je n’étais pas très studieuse…"

À défaut d’étudier les racines de la musique classique, Diane Labrosse se joindra à un premier groupe plutôt inspiré par… la musique traditionnelle! "C’était L’Arcanson, vers 1978; j’y jouais du piano et de l’accordéon diatonique. On composait aussi, mais dans le style traditionnel, folklorique. Ça a été des soirées fantastiques; on jouait beaucoup à La Grande Passe, rue Ontario, on en a fait danser du monde! On faisait une musique très festive." En 1980 naît le collectif au nom génial Wondeur Brass, qui regroupe neuf musiciennes maniant saxophones (trois, dont celui de Joane Hétu), trombone, trompette, batterie (Danielle P. Roger, aussi une ex-Arcanson) et, bien sûr, piano, sur un mode plus exploratoire et provocant.

En cinq ans, la formation évoluera beaucoup, produira deux disques et, dès 1984, fera une première mini-tournée européenne. "C’est aussi à cette époque, en 1979, que l’on a fondé les Productions SuperMémé (devenues SuperMusique), pour s’occuper de nos affaires"; une bonne idée, parce que les "agents d’artistes" ne se bousculaient pas au portillon pour représenter ce groupe de filles revendicatrices faisant une musique venue de nulle part! Cette musique, on finira par l’appeler musique actuelle et, dès 1983, elle aura son festival international, le FIMAV, à Victoriaville (les filles seront de la troisième édition, en 1985).

C’est tout naturellement que les filles de Wondeur Brass (puis du trio parallèle Les Poules – 1987 -, avec Hétu et Roger) seront parmi les premières au Québec (après la bande de Conventum d’André Duchesne) à concocter cette musique nouvelle. "Il y avait un désir de liberté, explique Labrosse, et aussi, personne dans ce groupe n’avait de grandes études en musique, alors on devait toujours "inventer" ce que l’on voulait faire. On écoutait Carla Bley ou Meredith Monk, mais aussi Boris Vian, alors les influences se mélangeaient joyeusement!" Les filles découvriront bientôt que d’autres font aussi le même type d’expériences un peu partout sur la planète; à Montréal, le collectif/étiquette Ambiances Magnétiques (1983: Duchesne, René Lussier, Jean Derome et Robert M. Lepage) réunira le trio des Poules et d’autres musiciens explorateurs.

Les Productions SuperMémé s’occuperont des nombreux projets des trois fondatrices et de leurs multiples collaborations avec les membres d’Ambiances Magnétiques et leurs alliés internationaux, et Diane Labrosse sera sacrée organisatrice de tournées! "Je l’ai fait jusqu’à l’année dernière, mais ça prenait de plus en plus de temps, et je voulais aussi m’occuper de mes propres projets."

Elle est passée du piano à l’échantillonneur assez rapidement et c’est maintenant surtout avec cet instrument qu’elle s’exprime. On la voyait en 2003 au FIMAV sur scène avec John Zorn, on a entendu ses collaborations avec Michel F. Côté dans des productions de Robert Lepage et on peut actuellement visiter le Sonarium à l’International Flora Montréal, dans le Vieux-Port, une installation à laquelle elle a collaboré. On pourra aussi découvrir son nouveau projet, Espèces en voie de disparition, autour des sons produits par des objets désuets, en juin 2007.

À écouter si vous aimez
Michel F. Côté
Martin Tétreault
Ikue Mori