Les Wampas : Chirac en prison
Les Wampas reviennent au Québec avec leur neuvième album sous le bras, Rock’n’roll Part 9. Rencontre avec Didier Wampas, l’un des rares chanteurs à ne pas vouloir vivre de leur musique.
Habitués depuis plus de 20 ans à vendre environ 10 000 exemplaires par parution, Les Wampas ont connu la gloire subite en 2003, grâce au refrain rassembleur de la chanson Manu Chao. La pièce, où le charismatique chanteur Didier Wampas rêvait d’avoir le portefeuille du prince des clandestins, s’était frayé un chemin sur les ondes des radios commerciales françaises, servant de locomotive aux ventes de Never Trust a Guy Who After Having Been a Punk Is Now Playing Electro, disque écoulé à un peu moins de 100 000 copies.
À l’époque, Didier nous avait accordé une entrevue téléphonique, interrompant pour une trentaine de minutes son quart de travail à la RATP (Régie autonome des transports parisiens). Phrase marquante, il avait révélé alors qu’il garderait son boulot au service d’entretien du métro, et ce, peu importent les revenus qu’engendrerait le nouveau succès de l’increvable formation rock’n’roll aux tendances yéyé-punk. "Je ne veux pas vivre exclusivement de ma musique, car tu en viens à t’imposer une trop grande pression, expliquait-il. Tu entres en studio en te disant que tu devras manger grâce à tes pièces. Tu finis alors par faire des compromis."
Trois ans plus tard, Didier bosse toujours pour la RATP, bien qu’il profite présentement d’un six mois sabbatique lui permettant de prendre la route avec Les Wampas. C’est d’ailleurs cette sécurité financière, gage de liberté artistique, qui lui permit de ne pas s’inquiéter quand les radios, séduites à l’époque par Manu Chao, ont décidé de boycotter cet été le single Chirac en prison, tiré du tout nouveau disque du groupe, Rock’n’roll Part 9. Et pourtant, à l’écoute de la fameuse pièce, force est d’admettre l’inoffensivité de son texte. "C’est ce qui est le plus absurde dans toute cette histoire: j’y raconte l’amour éprouvé pour une fille qui veut voir Chirac en prison. Ça n’a rien d’offensant. De toute façon, tout le monde sait que Chirac devrait être en prison pour ses magouilles du temps qu’il était maire de Paris. Pour moi, la pièce est même une caricature de ces gauchistes qui vivent dans l’espoir de le voir condamner."
C’est à ces mêmes gauchistes que l’insolent Didier fait un pied de nez en posant avec le drapeau américain sur la pochette de Rock’n’roll Part 9. "Leur antiaméricanisme est facile. Blâmer les Américains n’est pas plus brillant que de s’attaquer aux Noirs ou aux Arabes pour expliquer certains problèmes français", lance-t-il à ce sujet.
Mais Les Wampas ne cherchent pas nécessairement à prendre position sur le plan politique. À preuve, ils n’ont participé à aucun événement contestataire lors de la crise du CPE qui secoua la France l’hiver dernier. "Je trouve ça un peu malsain lorsqu’un artiste se sert du pouvoir qu’il a sur ses fans pour leur dire quoi penser. Les individus doivent prendre position, mais pas en se basant sur ce que pense le chanteur de leur groupe favori."
Didier préfère parler de personnages célèbres (les textes du dernier Wampas font aussi référence à Kate Moss, U2 et Johnny Hallyday) et de lieux géographiques (Tokyo, Remini, Madagascar). Après leur album Chicoutimi (1998), il chante même Seul en Gaspésie. L’histoire d’amour entre la formation et la Belle Province se poursuit cette semaine avec une tournée de six dates à travers le Québec.
Le 2 octobre à 20 h
Au Théâtre Granada
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