The Raconteurs : L'autre histoire
Musique

The Raconteurs : L’autre histoire

The Raconteurs n’aiment pas trop l’appellation super-groupe. Mais avec le meneur des White Stripes, un maître de l’indie-pop et une vigoureuse section rythmique férue de rock’n roll psychédélique, difficile d’y échapper.

Aussitôt obtenue la connexion pour l’appel-conférence avec Jack White et Brendan Benson, ce dernier doit s’éclipser un moment, alors on prend les dernières nouvelles auprès de White. Nouvellement père d’une petite fille, le rockeur en pause de son célébrissime duo The White Stripes vient aussi de gagner en cour contre un ingénieur de son qui réclamait le tiers des droits d’auteur pour les deux premiers albums des Stripes, l’éponyme et De Stijl. Heureusement, le jury n’aura pris que 20 minutes de délibérations pour conclure à l’unanimité que rouler des fils, placer des micros et glisser quelques curseurs sur une console avaient peu à voir avec l’écriture de chansons.

Mais d’emblée, White souhaite aborder un tout autre sujet. "Je veux m’excuser auprès des francophones du Québec pour le nom du groupe, The Raconteurs!", lance-t-il à notre grande surprise, nous forçant à demander des explications. "Parce qu’en français, cela sonne sûrement très stupide", dit-il, rapportant avec un drôle d’accent franchouillard les propos désobligeants d’un reporter français sur la question. "Disons qu’on n’appellerait jamais notre groupe The Great Storytellers, lance-t-il en éclatant de rire, imité par Brendan de retour au bout du fil. "J’ai découvert ce mot dans un article sur Mike Wallace, le chef d’antenne à la télévision, poursuit White. Ils l’appelaient le "radio-raconteur", et ça m’a semblé très intéressant, car c’est un peu ce que nous voulons faire avec nos chansons…"

Une fois assuré de l’existence de bien pires noms et du peu de risques que l’appellation génère toute forme d’émeute, on a pu causer de ce projet et surtout des besoins insatisfaits ailleurs qu’il permettait de combler. "Pour moi, c’était surtout de pouvoir écrire des chansons avec une autre personne; je n’avais jamais fait ça auparavant", explique White. "Même chose pour moi, dit Benson. En fait, seulement de jouer avec un groupe, j’avais toujours voulu faire ça", poursuit celui qui mène une carrière solo depuis une dizaine d’années, ayant à son actif trois albums: One Mississippi (Virgin, 1996), Lapalco (Star Time International, 2002) et The Alternative To Love (V2, 2005).

Grands amateurs du trio rock’n roll The Greenhornes, White et Benson en emprunteront le bassiste et le batteur, Jack Lawrence et Patrick Keeler, pour donner vie à cette idée caressée depuis belle lurette. Si les deux auteurs-compositeurs oeuvrent dans des registres assez différents (on connaît la tendance rock garage de White, alors que Benson penche plutôt vers l’indie-pop), l’accord des deux mondes s’est avéré une expérience des plus enrichissantes. "On a des façons très différentes d’écrire, explique Jack. Et de mettre tout ça ensemble donne quelque chose de nouveau. En fait, la seule façon d’obtenir quelque chose de neuf, quant à moi, c’est de joindre deux choses complètement étrangères; c’est là que naît la nouveauté, et c’est ce que nous espérons atteindre quand nous écrivons…"

Suite à un premier disque bien accueilli par le public et la critique (Broken Boy Soldiers, 2006, V2), la bande compte déjà plusieurs nouveaux morceaux et espère bien retourner en studio prochainement. S’il est pour l’instant impossible de dire quelle sera l’étape suivante parmi leurs multiples occupations, difficile aussi de savoir quelle direction prendra ce prochain recueil. "On a bien hâte de découvrir tout ça nous-mêmes, admet Benson. On est un jeune groupe, c’est notre premier disque et on ne joue que depuis quelques mois, alors on est toujours en train d’apprendre ce que nous voulons être…" "J’ai l’impression que ça sera assez différent du premier, estime pour sa part Jack. Ça explose! Ce groupe change tellement à tous les soirs; on ne peut que suivre et voir où ça mène…"

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CV

S’adonnant d’abord à la batterie et au country noir avec Goober and The Peas, Jack White participe à la formation The Go avant d’apparaître au grand public comme meneur des White Stripes, vers le tournant du millénaire. Dès 1998, Jack faisait la rencontre de Brendan Benson, se consacrant pour sa part à une carrière solo dans un registre plus power pop. Un après-midi perdu, ils coécriront leur première chanson, Steady As She Goes. Jack Lawrence (basse) et Patrick Keeler (batterie) viennent quant à eux de Cincinnati, mais le rock psychédélique de leur groupe The Greenhornes est très apprécié sur la scène de Detroit. C’est lors d’un de leurs concerts que les quatre musiciens se lieront d’amitié et projetteront une collaboration future. Étant tous fort occupés par leurs divers projets, ce n’est qu’en mai 2006 qu’est paru le premier album des Raconteurs, Broken Boy Soldiers (V2).

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