TTC : Mon côté pop
La tornade parisienne TTC revient en ville dans le cadre de Pop Montréal et les dégâts risquent d’être considérables. Rencontre avec un amoureux de musique pop au franc-parler, Teki Latex.
Débauchée, contestataire, authentique, irrévérencieuse, anticonformiste, la bande de zigotos de TTC tranche radicalement avec le hip-hop plus orthodoxe qui règne dans la Ville lumière depuis quelques années. Libérée de toute contrainte, elle s’apprête à lancer un nouveau compact au mois de novembre. Un mot d’ordre revient: l’urgence. "D’album en album, il n’y a pas vraiment de logique chez TTC. C’est un disque plus rappé qui s’est fait très rapidement. Je considère que le propos est dilué lorsqu’on passe trop de temps dessus. De toute manière, nos activités nous forcent à avoir un emploi du temps très précis où l’on consacre une certaine période au projet de TTC. Ensuite, il s’agit de le réaliser durant cette période précise, sinon on ne s’en sort plus", raconte Teki Latex, l’une des têtes pensantes de TTC, attrapé au vol lors de son bref passage au MEG il y a quelques semaines.
Insatisfait du premier album complet de TTC (Ceci n’est pas un disque, paru en 2002), Teki parle de Bâtards sensibles comme du "véritable premier disque" du combo. Cocktail tonique aux rythmes solides et accrocheurs paru il y a deux ans sous étiquette Big Dada (la branche hip-hop du label britannique Ninja Tune), l’opus témoignait de la force de frappe des trois M.C. et du fidèle DJ Orgasmic. Après des années de labo, on s’attend à un troisième opus plus homogène. Derrière la console pour cinq titres, le brillant bidouilleur Para One promet de rafraîchir leur mouture décalée et funky tout en cultivant ce goût pour le risque. "On a désiré établir un certain son TTC avec ce disque qui se veut moins une démonstration technique que les deux premiers, surtout sur le plan de la production. Avant, on disait: Regardez-nous! On peut faire ça et puis ça! Maintenant, on mise davantage sur les chansons. On a mis en pratique ce qu’on a appris au niveau du savoir-faire technique, du sens de la mélodie et du rythme, et on a mis tout ça au service des morceaux. Le résultat est concluant", assure le jeune homme de 27 ans.
POP STAR
Qu’on se le tienne pour dit, Teki est un cinglé de musique pop (particulièrement américaine) et il ne se gêne pas pour glisser les noms de Justin Timberlake, Nsync et Britney Spears dans la conversation. Alors qu’enfant il se gavait des Pet Shop Boys, aujourd’hui, il s’agit d’être divertissant et de ne pas trop se prendre la tête pour qu’il tende l’oreille. "Je navigue sur iTunes et ce sont toujours les mêmes groupes sérieux qui reviennent: Pixies, Sonic Youth, Radiohead. De la musique qui ne se danse pas et qui s’apprécie après trois écoutes. Ça me fait chier car je n’ai pas le temps pour ça! La musique n’est pas faite pour réfléchir. Elle doit m’accrocher immédiatement, sinon ça m’emmerde. Il faut assumer que c’est bien de produire de la musique jetable de nos jours. Qui a dansé avec une fille sur du Radiohead? Moi je préfère Kim Wilde ou Puff Daddy mais ce n’est pas bien vu d’aimer ces gens-là car on dit que ce n’est pas de la vraie musique. Cette notion de musique mature, c’est le cancer de l’industrie du disque", raconte-t-il dans un élan d’enthousiasme.
Auteur de textes grivois multipliant les métaphores, Teki mijote un premier disque solo sous le signe de la pop qui verra le jour sur Virgin France en 2007. Coréalisé par l’excentrique Chilly Gonzales (Katerine), l’opus réunit, entre autres, Lio et la Canadienne Feist. Disco Dance With You, titre électro-disco fromagé, donne un aperçu de ce qui attend l’amateur de bombes pop. Faut-il se surprendre de la tangente eighties de l’affaire? "J’avais envie de quelque chose de complètement différent de TTC et je souhaitais m’entourer de gens qui feraient ressortir mon côté pop. Mon éducation musicale s’est faite grâce à la télévision, au top 50 plus précisément, et les hits de l’époque étaient, majoritairement, de la pop très électronique. Le temps a passé mais je n’ai pas oublié que le véritable défi demeure de faire danser les gens avec quelque chose de futuriste et d’original, comme Outkast. Innover mais pas au détriment du fun." Gageons que le plaisir sera au rendez-vous.
Le 5 octobre
Au Club Soda
Avec Spank Rock et Omnikrom
À voir si vous aimez
Ghislain Poirier
Omnikrom
Antipop Consortium