Yo La Tengo : Hors de la zone de confort
Musique

Yo La Tengo : Hors de la zone de confort

Yo La Tengo aurait bien pu s’asseoir confortablement sur son statut de groupe phare de l’indie-rock américain. Mais non. Après plus de 20 ans de carrière, le trio se met toujours au défi.

Que Yo La Tengo soit capable d’un éclectisme fou, ça, on savait déjà. Ces trois musiciens sont tout aussi habiles à nous happer dans de longues dérives atmosphériques qu’à nous balancer de petites perles folk-pop aux mélodies accrocheuses, et ce, en conservant toujours cette personnalité sonore unique. I Am Not Affraid Of You And I Will Beat Your Ass, paru il y a quelques jours, vient en remettre avec de très grands écarts de registres.

Après And Then Nothing Turned Itself Inside-Out (2000) et Summer Sun (2003), deux oeuvres paisibles et introspectives, ce nouveau titre s’avère plus incisif avec ses touches de pop candide façon années 60, de funk, de jazz et de punk-garage, le tout ponctué de pièces plus expérimentales et plus sombres. I Am Not Afraid… s’ouvre et se termine d’ailleurs avec des titres de plus de 10 minutes à la rythmique simple et répétitive et aux guitares hypnotiques. C’est ce genre de pièces, si caractéristiques, qui pour le trio se bâtissent de la manière la plus facile et naturelle: "Ça émerge comme ça, aussitôt que nous commençons à jammer, explique le chanteur et guitariste Ira Kaplan. Et personne n’est capable de s’arrêter. C’est si engourdissant… je pourrais nous écouter pour toujours." Il faut dire que la chimie entre Kaplan, sa femme-batteuse-chanteuse Georgia Hubley et le bassiste James McNew relève quasiment de la télépathie.

Si les expérimentations sonores sont leur apanage, Kaplan admet que les pièces à caractère plus pop leur donnent plus de fil à retordre: "Il est plus difficile pour nous de composer de courtes pièces. Nous avons souvent décortiqué des chansons pop que nous voulions faire en cover. Elles nous semblaient si complexes, avec tous ces couplets, ces refrains, ces ponts, ces solos… c’était inconcevable pour nous qu’elles ne durent même pas deux minutes et demie! Mais comment ils parviennent à faire ça? Quand nous composons, aussitôt que nous arrivons au coeur d’une pièce, au moins cinq minutes se sont déjà écoulées!"

Le groupe, souvent comparé aux Velvet Underground (que les trois musiciens incarnaient d’ailleurs dans le film I Shot Andy Warhol), quittera sa ville de Hoboken avec une artillerie plus légère que celle utilisée lors de l’enregistrement de l’album. Les cuivres et les violons ont été mis de côté, mais chacun des trois membres jouera de plusieurs instruments, incluant les claviers et le piano. "De toute façon, nous ne nous sommes jamais souciés que nos chansons soient rendues sur scène de la manière dont on peut les entendre sur les albums", précise celui qui n’a jamais été effrayé de surprendre ses fans, voire de les déjouer. "Le processus créatif ne s’arrête pas une fois sorti du studio d’enregistrement. C’est là tout le but de l’exercice, non?" Eh bien, il semble que pour bien d’autres, non.

Le 30 septembre
Au National
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