Beirut : Libre échange
Musique

Beirut : Libre échange

Beirut produit des airs qu’on croirait provenir d’Europe de l’Est. Il s’agit pourtant du projet, presque solo, d’un jeune homme originaire du Nouveau-Mexique.

Comme bien d’autres adolescents, Zach Condon n’était tout simplement pas fait pour les études. Après que toutes ses tentatives de réintégrer les bancs d’école se soient avérées vaines, il met définitivement une croix là-dessus, s’envole pour une première fois en Europe et y demeure quelques mois. Il a alors 16 ans. C’est en revenant de son deuxième voyage sur le vieux continent que le jeune homme se met à l’oeuvre, seul dans sa chambre à coucher de Santa Fe, et crée des chansons qui créeront un vif engouement aussitôt qu’il les aura mises sur sa page MySpace. Quelques mois plus tard paraissait un premier album marqué par les musiques d’Europe de l’Est: Gulag Orkestar.

"Ce voyage m’a permis de saisir l’esprit de cette musique et d’en comprendre les différentes textures et composantes", explique celui qui a maintenant 20 ans et dont le réel premier contact avec les musiques balkaniques s’est produit quand il a vu le film Underground, du cinéaste Emir Kusturica: "J’avais tout de suite été fasciné par le côté festif. Et quand j’ai fait cet album, j’ai imaginé une musique qui pourrait être jouée dans un bar d’Europe de l’Est, avec des gens soûls qui chanteraient en choeur par-dessus."

Ce qui fait en partie l’intérêt de Gulag Orkestar, c’est que Condon n’a pas cherché à être conforme à la tradition et ne tombe jamais dans le piège du pastiche. Les typiques envolées lyriques chargées autant de mélancolie que de joie de vivre sont mêlées à une approche indie rock à la Neutral Milk Hotel ou à la Magnetic Fields, deux groupes qu’il affectionne particulièrement.

Avec ce disque, il a su recréer l’illusion d’un véritable orchestre, et on peine donc à croire qu’il l’a presque entièrement enregistré seul dans sa chambre à coucher. "J’ai commencé à collectionner les instruments de musique quand j’avais 14 ou 15 ans; j’en possède tellement aujourd’hui que j’ai à peine d’espace pour mon lit! Le seul que j’ai appris en suivant des cours est la trompette, sinon, pour les autres, j’ai appris en autodidacte."

En plus du chant (qui rappelle parfois celui de Rufus Wainwright), c’est à lui qu’on doit donc les lignes de piano, d’orgue, d’accordéon, de ukulélé, de mandoline et de percussions diverses. La plupart de ces instruments étaient en piètre état, tout comme le micro utilisé pour les capter. "J’ai récemment été en studio pour enregistrer de nouvelles chansons pour un EP. Nous avons travaillé avec de l’équipement professionnel. C’est évidemment plus facile, mais je ne voudrais pas cesser pour autant d’enregistrer moi-même… J’aime bien ce son "fait maison"."

En anthropologue musical amateur, il a récemment exploré le Fado, cette musique traditionnelle portugaise très mélancolique, et se dit présentement dans sa phase "vieille pop française" avec des artistes comme Yves Montand. Des influences qui risquent fort bien de transparaître dans ses créations futures. "Présentement, avec toute l’attention portée sur moi et la tournée qui va commencer, c’est un peu trop intense pour me consacrer à l’écriture. Mais aussitôt que ça se calme un peu, je retournerai m’enfermer dans ma chambre avec mes instruments."

Le 6 octobre
À l’Arlequin
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