Joe Dassin: La Grande Fête musicale : Sans Dassin
Dernier en date des music-halls conçus au Québec, Joe Dassin: La Grande Fête musicale s’installe pour 15 dates au Capitole. Business-nostalgie ou hommage bien senti? Le producteur Didier Morissoneau explique sa patiente passion.
Didier Morissoneau l’appelle familièrement Joe, en parle comme du voisin d’en face et, à défaut de l’avoir connu, il le… connaît bien. Les parents tournaient ses disques dans le salon de Sainte-Foy, il a dansé teenager en larmes sur sa musique et, l’an passé, il a rencontré les enfants, les amis, les complices pour parler de l’homme en blanc et de business. Après 11 ans de coups de fil et de fax, l’obsession de Morissoneau pour Dassin a rencontré son destin en la personne de Claude Lemesle, principal parolier de Joe Dassin. "À mon grand étonnement, il m’a dit qu’ils attendaient cette proposition depuis 25 ans! Pourtant, je savais bien que je n’étais pas le premier, mais j’arrivais juste au moment où ses enfants se demandaient s’il n’était pas temps de rendre enfin un véritable hommage à leur papa. En plus, les Français considèrent que le showbiz québécois est efficace et créatif."
Ainsi s’enclenchent, avec la scrupuleuse bénédiction des héritiers de Dassin et des ayant droits de ses chansons, 12 mois de travail et de réflexion culminant dans une grosse production qui occupe maintenant 65 personnes à plein temps – chorégraphes, techniciens, éclairagistes, danseurs, chanteurs. Mais ne cherchez pas sur scène la perruque frisée et le pantalon patte d’éléphant bleu poudre moulant les bijoux de famille: "Il est présent à travers des entrevues, son image. Sa voix introduit les chansons. Mais on ne voulait pas que quelqu’un parodie platement cet érudit perfectionniste et discret qui avait un doctorat en ethnologie et qui récolte encore le respect de toute l’industrie, ça aurait été kétaine", dit Morissoneau, précisant que ses chanteurs, danseurs et musiciens seront à égalité dans un concept participatif genre Big Bazar sans la salopette.
Ce Dassin-là est-il le kitsch de trentenaires nostalgiques qui ont redécouvert dans les boîtes, entre deux mohitos et un cigare parfumé, le falsetto des Bee Gees, les larmoiements de Dalida, le trémolo en tweed d’Aznavour et la fausse candeur soporifique des stars françaises des années 70? "Après sa mort, Dassin est passé du statut de kitsch à celui d’idole french-jazzy-chic. Pierre Lapointe, Stefie Shock, Éric Lapointe ont chanté du Dassin sur un disque qui s’est vendu à 80 000 copies. C’est un phénomène bien sûr empreint de nostalgie, mais ce grand spectacle populaire est joué essentiellement au premier degré avec respect et sérieux pour des gens qui n’auraient jamais entendu Le Maringouin ou L’Été indien."
"On se sent comme une équipe qui veut gagner la coupe Stanley", lance Morissoneau. Déjà dans l’expectative des premières réactions critiques, Joe Dassin: La Grande Fête musicale répétait jusqu’à samedi dernier à l’école de cirque de Verdun, où l’on a recréé au pouce près les loges, l’espace-coulisses et la scène du Capitole. Et ce n’est pas là la seule chose qui puisse s’avérer idoine avec la Vieille Capitale: "Le spectacle commence sur la célèbre phrase de Dans les yeux d’Émilie: "Dans son quartier du Vieux-Québec/Les rues ont l’air d’avoir l’accent"… Alors c’est un bon endroit pour commencer l’aventure."
Du 5 au 22 octobre
Au Théâtre Capitole
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