Lynda Thalie : Chaud-froid
La chatoyante Lynda Thalie vient nous faire goûter au soleil de son Maghreb natal, brillamment amalgamé à son Québec d’adoption dans le spectacle De neige et de sable. Entretien.
Récoltant cinq nominations pour le prochain Gala de l’ADISQ – dont l’une dans la catégorie Album de l’année – Musiques du monde -, Lynda Thalie peut se réjouir de s’être taillé une place confortable sur la scène musicale d’ici et d’ailleurs. L’auteure-compositrice-interprète originaire d’Algérie faisait paraître un deuxième album (après Sablier en 2002) à pareille date l’an dernier, combinant avec aisance ses influences arabo-québécoises en chantant dans les deux langues. Elle y signait plusieurs titres, en plus d’avoir adapté à sa sauce les pièces De neige et de sable de Michel Rivard, Adieu mon pays d’Enrico Macias, "redessinée à [s]a propre nostalgie", ainsi que Djouhar (Pearls) de Sade.
Se plaisant à dire de sa musique qu’elle est composée de "miel et de sirop d’érable", Lynda reconnaît que le mariage de ses racines n’a pas été une mince tâche. "On a passé beaucoup de temps en studio pour trouver l’équilibre, ça ne devait pas être plus de l’un ou plus de l’autre, parce que ça n’aurait pas été honnête. Je ne pourrais pas faire complètement de la musique orientale et je ne pourrais pas faire des rigodons non plus. (rires) J’essaie de trouver le juste milieu", assure-t-elle, ajoutant que son spectacle De neige et de sable, dont elle a assuré la mise en scène, est à l’image de cette alliance: fluide, "comme une belle rivière".
La danse fait aussi naturellement partie de ce spectacle, la principale intéressée donnant allègrement de la hanche. "Le baladi est une belle danse et ça centre les femmes, ça les accorde ensemble. Les femmes sont souvent très dures les unes envers les autres, alors que quand elles dansent, ça devient un truc de filles. On devient individualistes, alors que là on se permet d’axer le tout sur la zone la plus sensible de la femme, son ventre, son centre, c’est là qu’elle porte ses bébés… Tu sais, ton tabou, tu le fais pointer et tu danses avec tes copines! C’est d’accepter sa féminité!", s’exclame-t-elle de sa voix suave et sautillante, baigné dans le soleil automnal.
Généralement décrite comme "mystérieuse" et "envoûtante", Lynda Thalie essaie de s’expliquer ce penchant: "Je crois que c’est le mystère de la femme orientale… On imagine Shéhérazade, en arrière des voiles, un peu séductrice, un peu charmeuse. J’imagine que les gens m’enveloppent de cette aura; je viens d’ailleurs, et l’ailleurs est toujours plus mystérieux qu’ici. Donc, c’est un petit peu gênant à la fois, mais je vois cette attirance qu’ont les gens envers ce qui est nouveau, et ce qui est nouveau est mystérieux."
La chanteuse a récemment lancé le single Histoire d’un amour, succès mélo de Dalida, le titre ne se trouvant toutefois pas sur son album… Elle explique: "Après la sortie de l’album, j’ai cliqué sur cette chanson de Dalida de 1967 et je l’ai présentée en spectacle dans ma propre version, avec mon début, ma façon d’aimer et ma personnalité. Ça a si bien marché que la maison de disques a décidé de l’annexer à l’album. Elle est sortie et ça va très bien, confirme-t-elle. La chanson, à l’origine, était très, très triste. C’est vraiment la véritable façon d’aimer: on aime avec les hauts et les bas, les soirées d’angoisse et les matins merveilleux. C’est vraiment ça, l’Amour. J’aime trouver des chansons qui réussissent à "pointer" avec autant de justesse", conclut-elle avec une lueur au fond des yeux.
Le 12 octobre à 20h
À la salle Jean-Despréz