Mocky : Oiseau de passage
Musique

Mocky : Oiseau de passage

Qui est Mocky? Un Canadien en exil qui vient de faire paraître son troisième album solo. Un artiste qui sait s’entourer de la crème afin d’étoffer son électro-soul hybride aux grooves sensuels. Mais encore?

Toronto, 1994. Un groupe répondant au nom de The Shit fait des ravages sur la scène underground. Jason Beck, Merrill Nisker et Dominic Salole forment ce combo "punk-dada" aujourd’hui demeuré mythique. Si ces noms ne sonnent pratiquement aucune cloche à nos esprits, il en va autrement des pseudonymes dont font aujourd’hui usage ces mêmes personnes: Gonzalez, Peaches et Mocky. Depuis quelques années, le dream team a adopté l’Europe comme terre d’accueil: "Je suis déménagé à Londres en 1998 pour tenter de faire paraître mon premier album. À cette époque, la scène électronique y était particulièrement favorable", nous apprend celui qu’on attrape au vol alors qu’il se trouve dans un taxi parcourant une rue de Berlin, ville où il demeure maintenant. "Je suis curieux et je suis avide de nouvelles rencontres. J’irai toujours là où la musique me portera… et qui sait, peut-être que je reviendrai m’établir un jour au Canada, ou ailleurs en Amérique du Nord."

Il a grandi en Saskatchewan auprès d’un père originaire du Yémen et d’une mère née en Angleterre, et déménagé à Ottawa alors qu’il était adolescent. Il était très jeune quand il fit ses premières armes: "Ma première grande révélation s’est produite dans les années 80 lorsque j’ai entendu Life is Life de Opus joué par mon grand frère à la batterie. C’est lui qui m’a ouvert les portes en me faisait découvrir des artistes comme Stevie Wonder et qui m’a encouragé à me procurer un multipistes et des instruments pour enregistrer mes compositions", raconte celui qui, en plus de mener sa barque en solo, a coécrit et coréalisé l’album Multiply de Jamie Lidell et collaboré au dernier album de Jane Birkin, entre autres.

Navy Brown Blues, son petit dernier, distille une pop dansante aux accents de soul, de hip-hop et de jazz. Sans les nombreux artistes invités (Jamie Lidell, Gonzalez), cet album n’aurait sans doute pas eu cette couleur si chatoyante. La douce et mélancolique Fighting Away the Tears, par exemple, n’aurait pas été aussi touchante sans la voix reconnaissable de Leslie Feist. "Il y a l’amour de la musique qui m’unit à ces gens, mais plus que tout, il y a l’amitié. Sans cet aspect, nous ne pourrions mettre en commun nos habiletés respectives."

Navy Brown Blues, en plus d’être son opus qui possède le plus grand potentiel commercial, s’avère pour lui le plus personnel et le plus significatif: "Avec cet album, je sens que j’en suis arrivé à un nouveaux chapitre de mon évolution. Je suis parvenu à un bon équilibre et en spectacle, je ne suis plus seulement un D.J., mais un véritable musicien. Je considère cet album comme la conclusion de plusieurs années de recherche. Je suis maintenant prêt à entamer quelque chose de nouveau et à me diriger vers une nouvelle direction." Laquelle? On verra bien.

Le 6 octobre
Au Ukrainian Federation
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À écouter si vous aimez:
Jamie Lidell
Feist
Taylor Savvy