Patrick Watson : Entre ciel et terre
Musique

Patrick Watson : Entre ciel et terre

Patrick Watson et ses musiciens lancent Close To Paradise, opus lumineux et délicat taillé pour ceux qui rêvent de jour.

Petit matin humide et gris, mais lumineux. Patrick Watson entre dans l’établissement, où l’attend déjà son café chocolaté. Un à un, les musiciens du groupe se pointent. "Nous sommes un groupe maintenant, précise le sympathique Montréalais qui vient de lancer son second effort, Close To Paradise. J’ai compris ça à New York… On était allé passer du temps là-bas et on s’est mis à composer toute la gang ensemble." Dans ce groupe, il y a Mishka Stein, bassiste discret originaire d’Ukraine qui nourrit un vif intérêt pour le funk et le R’N B, Robbie Kuster (batterie, percussion, marimba sur l’album), passionné de Mister Bungle, Nick Drake, John Zorn et surtout de free jazz, et enfin Simon Angell (guitare, lap steel, banjo). "J’ai pris des cours de guitare avec Marc Ribot et j’ai appris le banjo avec mon voisin." Vous avez dit éclectique?

En 2003, Watson n’était pas passé inaperçu, avec un premier effort luxuriant, le délicat Just Another Ordinary Day. Depuis ce "jour ordinaire" jusqu’à la promesse d’un paradis proche, il s’est passé beaucoup de choses. Encore aujourd’hui, Pat Watson fait de la musique pour les mêmes raisons qu’à ses débuts: "Quand j’ai commencé à jouer de la musique, ça se passait entre 1h et 3h du matin, et je le faisais pour m’évader, pour aller ailleurs…"

On n’a pas affaire ici à des musiciens qui cherchent à transcender ou canaliser un dark side. "On est des personnes joyeuses!", ajoute-t-il avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles. Et on le croit. D’autant plus que Close To Paradise, enregistré un peu partout, entre New York et Helsinki et au studio montréalais Breakglass pour le mix final, diffuse une petite lumière vibrante, enveloppe, élève, apaise, semble taillé sur mesure pour accompagner ceux qui rêvent le jour et observent les étoiles la nuit. Un disque de pop cinématographique – ça pourrait être la trame d’un film de Tim Burton – qui, un peu comme pour Bell Orchestre, a besoin d’espace pour se déployer dans toute sa démesure. On parle d’une galette aux arrangements foisonnants, amitieux, d’envolées prenantes d’un quatuor à cordes, d’un quintette de cuivres où les trombones dominent. D’un disque orchestral en flottement, néanmoins accessible. "C’est un peu comme un journal de voyage, précise Pat Watson. On est même allé enregistrer Weight of the World dans l’église abandonnée. On avait installé un trampoline dans l’église et on projetait des vidéos sur les murs! Il y a même eu un mariage de squee-gee! La police est venue… C’était tellement weird."

Patrick Watson
Close To Paradise
Secret City/Fusion III