Paul Piché : Cochez oui
Paul Piché suspend l’écriture de ses nouvelles chansons, afin de présenter des concerts qui revisitent son répertoire, accompagné de quelques centaines de choristes. Rencontre.
L’événement rassemble tous les médias québécois: Paul Piché qui dispose d’une gigantesque chorale, venue des quatre coins du Québec, pour offrir encore quelques spectacles. On lui a proposé, il n’a pas su dire non. Cochez oui, cochez non, telle est la solution. En tout cas, le concept branchait déjà Piché: "La formule existait avant moi. Il y en a eu un avec les chansons de Jean Ferrat, mais il n’y a pas chanté, il y a juste assisté. Moi, la première fois que j’ai vu ça, c’était sur Jean-Pierre Ferland. J’ai vu une photo de lui dans le journal avec, derrière, un mur de chorale. Je me suis dit: Wow! Ça doit être extraordinaire! J’étais jaloux, je me disais qu’un jour ça allait peut-être m’arriver quand je serais vieux! Finalement, je suis peut-être plus vieux que je pensais! Ou alors ils ont fait un virage jeunesse!", raconte le chanteur en verve mais visiblement épuisé par la campagne promo qui l’assaille.
"Ensuite, je suis allé voir le show qu’ils ont fait avec Vigneault. J’adore Vigneault, j’ai beaucoup d’admiration pour lui. Je l’ai vu des centaines de fois en spectacle, mais cette fois-ci, j’avais l’impression de le revoir pour la première fois. Ça apporte une dimension, c’est autre chose! Ça a été une belle expérience, alors je suis très heureux que ça se passe pour moi. J’avais entendu dire que des gens chantaient mes chansons dans les chorales, mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là: L’escalier, Le temps d’aimer, Ne fais pas ça…"
Ému et surpris, l’auteur de Y’a pas grand-chose dans l’ciel à soir grignote un croissant tout en parlant de ses projets: "En ce moment, j’essaie de ne pas trop faire de shows, car je suis en écriture. Quand j’écris, je suis dans une bulle à part, et si je sors de cette bulle, j’ai de la difficulté à continuer à écrire ensuite. Faut que ça sorte. Mais je n’ai pas pu refuser ça, c’est quatre shows, that’s it. Le spectacle et l’écriture, ce sont deux mondes différents. Je m’implique beaucoup sur scène."
Les organisateurs du spectacle Coeur à choeur avec Paul Piché se sont divisé les tâches avec le principal intéressé: "Eux autres, ils avaient leurs demandes; moi, j’avais envie d’entendre certaines chansons plus particulièrement, je les imaginais interprétées par trois cents personnes. Sur mon dernier album, quand j’ai écrit les chansons Le voyage et Le retour, j’avais imaginé des choeurs, pas nécessairement une chorale, mais cinq ou six personnes. Alors là, c’était l’occasion! On ne s’est pas obstiné longtemps, ça s’est fait naturellement. Ensuite, je leur ai laissé le choix de l’ordre des titres. La directrice artistique, c’est Carole Bellavance qui s’en occupe."
Et les répétitions? Aisées à organiser? "C’est très complexe, avec des chorales d’un peu partout au Québec. Il y a des arrangements qui sont écrits, il y a du studio pour être capable de faire toutes les voix. Ça a duré tout l’hiver. Et quand vient le temps de réunir tout ce monde-là, ils répètent pendant une semaine, c’est quelque chose!"
Les spectateurs de Québec s’en souviennent sans doute, ils ont eu la primeur de cet événement. Piché en frissonne encore: "Écoute, c’était extraordinaire! Une chance que j’ai eu les répétitions avant parce que j’aurais été trop ému. Ce qui est si émouvant, c’est de voir monsieur et madame Tout-le-monde se mettre ensemble et faire quelque chose d’aussi raffiné. Les arrangements sont complexes, subtils. Et ça sonne! Tous ces gens qui mettent leur ego de côté, qui montent sur scène. Ce sont des artisans de la beauté." Et ses chansons engagées s’insèrent-elles aussi bien dans un tel contexte? "Ça prend une autre… émotion. Moins coup de poing, mais tout aussi importante. Je pense par exemple à la chanson À côté de toi. Ils l’interprètent avec une petite mise en scène. Je reste là tout au long, même pendant les moments où je ne chante pas."
Si Paul Piché est omniprésent sur les scènes québécoises depuis trente ans, ses albums se font plus rares. Le dernier, l’éclectique et audacieux Le voyage, remonte déjà à 1999. C’est long. Son public commence à s’impatienter: "Je ne suis pas pressé. Je n’ai pas d’agenda. Entre chacun de mes albums, il y a toujours un peu plus de temps. J’ai décidé d’aller à mon rythme."
Le 8 octobre
À la Place des Arts
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À voir si vous aimez:
Gilles Vigneault
Jean-Pierre Ferland
Le film Les Choristes