Polémil Bazar : Bizarre Bazar
Musique

Polémil Bazar : Bizarre Bazar

Polémil Bazar poursuit son petit bonhomme de chemin graduellement, malgré son récent saut au sein d’une importante étiquette. Entretien avec une des "six têtes de cochon" d’un des groupes pionniers d’un courant encore ignoré des grandes radios de la province.

Ces dernières années, on voyait se multiplier ces groupes festifs d’influences manouche, swing, jazz et klezmer. Mais avant que ne s’exportent les Tryo, Manu Chao et Sanseverino en notre province, Polémil Bazar se taillait un son apparenté, à même la capitale. Après deux albums de facture indépendante, voilà qu’au printemps 2005, le sextuor signe avec la réputée étiquette Tacca, qui abrite divers grands noms, de Jorane à France D’Amour, en passant par Dumas et Anik Jean. Peut-on noter de grands changements depuis la sortie d’Avale ta montre? "On fait plus de musique et moins de papiers", résume simplement Antoine Bretel, guitariste du groupe. Il ne faut donc pas s’imaginer que tout est soudainement devenu rose pour Polémil. Malgré la notoriété de l’étiquette qui l’héberge et l’aspect enjoué de sa musique, Polémil a un son qui le place dans une classe encore à part de la palette populaire québécoise. "On joue une musique qui s’adresse à un grand public, mais qui n’est pas nécessairement entendue par celui-ci. Il y a un certain public qui est habitué à notre style et qui en redemande, mais il reste que ce n’est pas une musique qui est jouée sur les radios commerciales", m’explique prudemment Antoine, pesant chacun de ses mots. "Il y a encore tout un pan du monde, un potentiel d’auditoire, qui ne nous connaît pas parce qu’il n’a pas entendu parler de notre musique", poursuit-il.

Il faut mentionner que Polémil Bazar ne donne pas dans la futilité. Loin des propos faciles des habitués du palmarès, Polémil a fait sa marque avec des textes mordants et n’hésite pas à se prononcer sur plusieurs thèmes, à proposer une opinion sur le monde sans pour autant tomber dans la morale. Le guitariste en résume bien le mot d’ordre: "Faire la fête ce soir et réfléchir demain. On a envie que les gens s’amusent. Sinon, on pourrait tous rester chez soi et pleurer sur le monde, sur son état, sur la bêtise des gens, ajoute-t-il. On essaie de représenter le monde tel qu’on le voit, mais là, on est ensemble, alors faisons le party. C’est le bonheur d’être entre humains quand ça va mal ailleurs, finalement."

L’approche indépendante ne semblait pourtant pas nuire au groupe. L’année 2004 en faisait la preuve en étant particulièrement prolifique pour Polémil: les prix Étoile montante et Album de l’année lors du Gala des MIMI avaient bien amorcé l’année, qui s’est terminée avec le Félix Album alternatif de l’année. Malgré l’absence d’un changement de direction musicale depuis, c’est dans la catégorie Musiques du monde que Polémil Bazar est en nomination à l’ADISQ cette année, preuve d’une classification confuse. "C’est devenu un gag pour nous, mais dans un guide culturel sur Paris, on nous décrivait comme une "fanfare canadienne"", rajoute-t-il en riant. "En 2004 [au Gala de l’ADISQ], on était entre autres avec les Pistolets Roses, avec qui on n’a en commun que le fait de venir de Québec. Cette année [dans la catégorie Musiques du monde], on est avec Bïa et Monica Freire. Donc finalement, c’est la catégorie Musique montréalo-brésilienne et fanfare canadienne, j’imagine", raconte-t-il à la blague.

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