René Lussier : Soleil trompeur
René Lussier en soliste et compositeur dans un programme très "musique actuelle" de la Société de musique contemporaine du Québec. Invitant.
Le guitariste René Lussier à la SMCQ, ce n’est pas nouveau, mais ça n’arrive pas trop souvent. La première de ses compositions qu’on a pu y entendre, Zone grise, pour flûte et bande (devenue Les Mains moites sur le disque Trois Histoires [Ambiances Magnétiques]), remonte à 1990. L’année suivante, il y revenait comme guitariste, puis en 1992, il y créait Destination soleil, pour guitare électrique, clarinette, basson, trompette, trombone basse, accordéon, deux percussions, violon et contrebasse. C’est celle-là qu’il revient nous faire. "À l’époque, explique-t-il, je jouais souvent à New York, avec Fred Frith, Tom Cora, Zeena Parkins, etc. et je devais donc souvent traverser la frontière américaine, mais avec une guitare, et ça, pour un douanier, c’est immédiatement sex & drugs & rock’n’roll, et tu viens pour voler du travail, etc. Alors, ce n’était jamais une partie de plaisir… C’est ce que raconte cette pièce en plusieurs tableaux, et le titre est vraiment ironique, parce que ce n’était jamais des vacances!"
René Lussier semble avoir délaissé ce type de pièce pour ensemble ces dernières années, au profit d’un virage "chanson" – il prépare un deuxième disque dans le genre. "C’est parce que j’ai peu de commandes du "milieu académique"… Mais j’en ai une bonne actuellement: je suis associé au projet de Robert Lepage Le Moulin à images, pour le 400e de Québec, pour la musique et le son; une grosse affaire!" Le milieu académique, pourtant, Lussier le connaît bien, lui qui donne des cours au Conservatoire de musique de Montréal. Après deux années comme classe de maître, il y a maintenant trois ans que le cours est inscrit au programme et donne des crédits aux étudiants.
"J’enseigne l’improvisation et c’est très stimulant. J’ai actuellement 12 étudiants(es) qui jouent très bien de leur instrument, mais qui n’ont jamais improvisé; ce n’est pas quelque chose de facile à faire, il faut accepter de se mettre en danger, mais il y a des choses qui s’apprennent, et que j’aurais bien aimé que l’on me montre il y a longtemps!"
Walter Boudreau a eu la bonne idée de reprogrammer avec la pièce de Lussier deux pièces d’un autre compositeur bien connu des amateurs de "musique actuelle": John Zorn. On entendra de lui For Your Eyes Only (1989), une pièce pour ensemble qui est un remplie de clins d’oeil aux dessins animés télévisés et autres clichés musicaux, et Road Runner (1996), une pièce pour accordéon solo qui sera interprétée par Jospeh Petric et qui, comme la précédente, est un collage extrême où les références à Carl Stalling se mêlent à des citations de Beethoven ou de Luciano Berio. Sans doute par analogie avec la série des Game Pieces de John Zorn, le programme compte aussi les Jeux de Société (1980-81) de Denys Bouliane.
Le 12 octobre
À la Salle Pierre-Mercure
À voir si vous aimez
Fred Frith
Frank Zappa
Pain Killer (Zorn)