Claude Dubois : Plein de tendresse
Musique

Claude Dubois : Plein de tendresse

Claude Dubois réinvestit pour trois semaines les planches du Casino de Montréal avec son tout nouveau spectacle Tous dieux et tous diables. Il sera entouré de sept musiciens. Entretien.

Claude Dubois ressemble à Édith Piaf: il pourrait chanter le bottin téléphonique qu’il en serait émouvant malgré tout. Tous les frissons du monde mijotent dans sa voix. Il n’a qu’à chanter et le courant passe. L’histoire remonte déjà à 1959: "Moi, j’ai toujours chanté, alors évidemment, je n’ai pas de mémoire d’avoir été influencé. C’est-à-dire que, sur disque, j’ai commencé j’avais douze ans, mais j’interprétais seulement. Ensuite, ça a été mis de côté. Mais moi, les idoles, ce n’était pas ma cup of tea. Bien sûr, j’ai fait des clins d’oeil à quelques artistes qui m’ont plu. J’ai écrit J’ai souvenir encore et Les sandwiches à moutarde, je devais avoir à peu près quatorze ans. Sinon, mes influences se promènent entre Dylan et Vigneault à l’époque. Puis, un peu plus tard, Donovan, les Stones, l’incontournable Léo Ferré", confie Dubois au bout du fil.

Tel Piaf, Dubois a des origines modestes. Môme des ruelles, il a grimpé toutes les marches de l’échelle sociale pour finir, plus de quarante ans après ses débuts, sur la scène du Casino de Montréal, un lieu qu’il apprécie particulièrement, où il revient fréquemment. Pourquoi ce choix? "Le Casino, j’aime sa conception. Sa profondeur de scène égale la profondeur de la salle. Il rentre 500 personnes, c’est un stage comme à Maisonneuve. Je ne connais pas d’autres places qui soient de cet ordre-là, où tu as à la fois un outil super professionnel de grand théâtre, de récital à l’italienne et un lieu en promiscuité."

Peu à peu, au fil de l’entretien, la conversation dévie de l’artistique au politique, telle une fatalité avec un Dubois révolté et bien vivant. Les réflexes aiguisés et la contestation à fleur de peau. L’homme de la rue, grande gueule, engagé, n’est jamais loin en lui: "Mon nouveau spectacle s’appelle Tous dieux et tous diables. Je trouve ce titre de circonstance. Je trouve qu’on est dans un cha-cha religieux, on recule considérablement. Je pensais que la religion était un lieu où l’on pouvait aller s’abriter, se retrouver avec des croyances. Je ne savais pas que c’était redevenu un truc qui rentrait dans la société, qui allait intervenir sur nos démocraties. Je me suis dit que dans chacun de nous, il y avait tout ça. Ce titre, pour moi, est beaucoup plus intérieur. Il est assez hallucinant de voir que même des esprits d’une grande clarté croient aux jeteurs de sort, à la vulnérabilité des êtres."

Si Dubois écrit peu de nouvelles chansons, il tourne beaucoup. En 2004, il fait paraître un très bel album qui résume bien sa carrière: Piano Violon. Ses immortelles ainsi revisitées dans leur plus simple appareil prennent encore davantage d’ampleur. Leur introduction est surprenante: un pot-pourri de sa période reggae, car Dubois fut un des premiers francophones à s’inspirer de la Jamaïque. Il a même publié en 1978 un disque précieux que l’on pourrait qualifier de science-fiction, Fable d’espace, chansons planantes avant la mode.

Mais depuis quelques années, Dubois préfère une formule récital plus classique: "La raison pour laquelle je fais de la tournée depuis deux ans, c’est que j’ai un énorme plaisir à faire du piano-violon. Au départ, c’est un show que j’avais monté un peu pour être haïssable: je faisais tout le spectacle en piano-violon, et à la fin, quand tout le monde pensait que j’avais été cheap pour mettre tout le fric dans mes poches, on levait le rideau et on sortait dix-sept musiciens! Cette année, on s’en va ailleurs, mais je veux quand même garder certaines sonorités, à l’intérieur d’une même chanson, pouvoir être très rock’n’roll et devenir super fragile."

CLAUDE DUBOIS EN SIX DATES

1959 Premier album comme interprète: Stampede canadien sous le nom de Claude Dubois et ses Montagnards.

1966 Premier disque comme auteur-compositeur-interprète. Plusieurs chansons marquantes (Montant vers le soleil) et surtout celle qui deviendra un classique, toujours chantée de nos jours (J’ai souvenir encore).

1969 Sa chanson Comme un million pénètre dans des milliers d’oreille. Un véritable hymne, une immortelle.

1978 Dubois joue dans Starmania et en récolte un mégasuccès, Le blues du businessman (signée Plamondon/Berger).

1982 Sa chanson Plein de tendresse entre à la radio. Un quart de siècle plus tard, elle y est toujours.

Années 2000. Retour en force. Deux albums en public de grande qualité et un cd de chansons originales.

Du 17 octobre au 5 novembre
Au Casino de Montréal
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Édith Piaf