Motus 3F : Trouver sa voix
Motus 3F ne cesse de développer de nouvelles combinaisons voix-machines et se lance tête première dans l’électro-phonétique. Rencontre avec un vocaliste qui n’a pas la langue dans sa poche.
N’ayant jamais eu recours aux pré-enregistrements, Motus 3F n’utilise que des voix et quelques pédales de guitares et machines de D.J. pour produire des trames sonores improvisées et dansantes empruntant autant au funk déconstruit, au breakbeat et au drum ‘n bass qu’au hip-hop et à l’électro débridé. Si le duo traverse présentement une période de méditation face à son projet, il continue néanmoins d’explorer différentes avenues sonores. "Les deux premières années furent fructueuses, mais notre concept demeure très malléable, et nous voulons nous donner la chance de pouvoir changer de direction facilement, et ce, à tout moment. Il suffit que l’un d’entre nous ait le rhume et ça donne une tout autre dimension! Notre démarche particulière est adaptée en fonction de notre situation présente et demeure en évolution continuelle. Je considère que nous sommes encore en période de recherche, à la genèse de cette expérience", raconte le volubile Dominique Hamel.
Disposant de la scène comme labo sonore où la spontanéité et la folie jouent un rôle capital, les deux Dominique (Hamel et Laguë) échantillonnent leur voix, la transforment et se lancent dans le vide, sans aucun filet. Discipline particulièrement exigeante physiquement, la performance vocale remixée en direct se veut une forme de création musicale audacieuse qui nécessite une présence d’esprit incomparable et des nerfs d’acier. "C’est épeurant, angoissant même, car c’est purement émotif. Les gens ne sont pas indifférents lors de nos spectacles, car nous nous ouvrons le coeur. Certains assistent pratiquement à tous nos shows et sont témoins de notre évolution. Ça devient pour eux une espèce de téléroman! Ils savent que nous sommes constamment sur la corde raide. C’est comme observer un funambule sur un fil de fer. Ça nécessite un abandon total de soi dans le moment présent", raconte-t-il.
Ayant collaboré au dernier album d’Ariane Moffatt (la pièce Farine 5 Roses) de même qu’avec Loco Locass, Yann Perreau, Antoine Gratton et même Luc de Larochellière (on peut l’entendre sur une nouvelle version de Monsieur D.), le duo semble s’adapter en fonction de ses partenaires de scène et du public visé. Cependant, il préfère miser sur l’aspect unique de ses performances plutôt que d’endisquer à tout prix. "Graver un disque tuerait en quelque sorte notre concept de base. Voilà pourquoi nous sommes très embêtés et nous restons ouverts aux suggestions. Nous souhaitons prendre notre temps et développer une approche satisfaisante. Un album live pourrait voir le jour prochainement, mais qu’on se le dise, l’expérience Motus 3F se vit sur scène. Chacun de nos spectacles se veut en quelque sorte un hommage à l’éphémère", lance le versatile compositeur, compagnon de Gatineau.
Sans ordinateur ni séquenceur à sa portée, on pourrait croire qu’il est limitatif de travailler avec rien d’autre que de la voix humaine, et ce, d’une manière aussi brute, mais Hamel n’est pas de cet avis. "La voix demeure l’instrument le plus flexible de tous. À chaque jour, nous découvrons de nouveaux sons que l’on peut produire et agencer. Je peux déjà prédire de gros changements dans notre façon de travailler. Des améliorations assez draconiennes dans les techniques de composition. Cet été, nous ne traînions pratiquement pas de matériel et ça a changé notre optique. Sans vendre la mèche, nous voulons nous rapprocher du public et approfondir notre recherche au niveau électronique en plus d’ajouter une certaine lourdeur à l’ensemble. Attendez-vous à quelque chose d’immense. On veut créer l’apocalypse seulement avec nos voix!" Vous voilà prévenus.
Le 14 octobre
Avec Gloomy, aRTIST oF tHE yEAR et Diplo
À l’Olympia
À voir si vous aimez
Jamie Liddell
Bauchklang