Tristan Malavoy : L’invitation au voyage
Tristan Malavoy, écrivain et journaliste, se décide enfin à chanter ses poèmes sur un premier cd qui invite au voyage. Singulier objet où la voix, le mot et la note s’unissent à jamais.
Les habitués des pages littéraires du Voir connaissent Tristan Malavoy-Racine, journaliste et chef de section Arts & Livres. Mais cette fois-ci, il a coupé le Racine, comme pour mieux s’envoler. C’est un Tristan Malavoy enchanteur qui sort son premier cd, le très beau Carnets d’apesanteur. Joliment et bien nommé. Oubliez les clichés de lourdeur et d’ennui liés à la poésie. Malavoy donne ici des ailes à ses vers, sa verve voltige, légère, transportée par les riches ambiances sonores.
On pense à L’Imprudence de Bashung ou à Léo Ferré période lyrique des monologues enflammés. Comme influences Tristan cite Chloé Sainte-Marie "comme voix qui a su porter les mots des poètes québécois de manière fabuleuse et chez qui la musique est devenue partie intégrante du message. Je l’ai beaucoup écoutée. Les mots ne sont pas au service de la mélodie, ils sont prédominants. Et sinon, le disque que Michel Houellebecq a fait avec AS Dragon".
Si on reconnaît l’élégance de sa plume, peut-être sait-on moins que l’homme chante magnifiquement. Le timbre est doux et juste. Il ferait un bon chanteur, mais pour l’instant, sur son disque, il fredonne ses poèmes: "Il y a deux ans, deux ans et demi, j’ai monté une lecture-performance avec Jean-François Leclerc, qui est d’ailleurs devenu un des principaux collaborateurs du projet Carnets d’apesanteur. J’ai depuis longtemps un grand intérêt pour la musique, j’en fais un peu en dilettante, mais assez sérieusement quand même depuis des années. J’ai eu envie assez tôt de faire des lectures accompagnées de musique. Ça peut amener l’auditoire dans un climat propice à recevoir la poésie. Mais, au départ, ça ne se destinait pas au disque, mais à la perfo."
Audiogram s’est intéressé au projet et a créé la collection Poesik, que Tristan inaugure en grand: "Avec le passage au disque, la musique est passée d’arrière-plan à quelque chose de plus travaillé, de plus raffiné: un dialogue avec le texte." En effet, dans Carnets d’apesanteur, tout s’imbrique parfaitement: la voix, les mots, qui sont portés à ébullition par les créations sonores de Jean-François Leclerc (guitares, basse, piano, claviers, programmation), coréalisateur du cd et compositeur de quelques mélodies. Du travail d’orfèvre, tout comme celui de Stéphanie Lapointe qui, choriste de luxe, mêle sa voix à celle de Tristan en un parfait mariage. Elles s’enlacent, charmeuses, exploratrices.
Mais il ne faudrait pas oublier que deux des plus beaux moments de cet opus sont signés, paroles et musique, Tristan Malavoy. Les superbes Nos Virées galactiques et Où t’en vas-tu? s’éloignent de la poésie chantée pour devenir de vraies chansons, un chemin qu’il pourrait bien parcourir une prochaine fois. Baudelaire conseillait de s’enivrer de vin et de poésie, alors enivrez-vous des Carnets d’apesanteur. Griserie assurée.
Tristan Malavoy
Carnets d’apesanteur
(Audiogram/Coronet liv)